La confrontation entre l'Algérie et l'Egypte, tenue dans un paroxysme passionnel exacerbé, aura laissé des leçons au goût amer et de sérieuses appréhensions pour l'avenir de la planète foot. La distinguée instance internationale qui régit le football mondial s'est adonnée à un jeu pour le moins dangereux en ayant une attitude aux conséquences graves. La nouvelle jurisprudence de l'instance zurichoise fait froid dans le dos : une équipe violemment agressée et comptant des blessés dans ses rangs peut jouer en terrain adverse même dans des conditions extra sportives. Les hooligans et ultras du monde en sont dûment informés pour les joutes à venir. Beaucoup d'analystes au fait des coulisses du football mondial diront que si la FIFA devait choisir entre l'Algérie et l'Egypte elle succombera allégrement aux envoûtements du Nil. Les contingences liées à l'argent et aux réseaux d'influence y sont pour beaucoup dans une instance qui semble avoir perdu la tête face aux millions que génèrent les droits TV et le sponsoring. On se rappelle l'enquête menée durant quatre ans par le journaliste britannique Andrew Jennings sur les coulisses de l'empire FIFA, malgré des pressions dantesques. En publiant le livre choc Carton rouge : les dessous troublants de la FIFA, il suscite l'ire de la Fédération internationale de football et de son président. Commissions occultes, élections truquées, marchés suspects et intérêts juteux : le tableau est peu reluisant. Les rênes des finances du football, le sport le plus populaire de la planète, sont contrôlées par une caste à l'attitude trouble. Les membres du comité exécutif de la toute-puissante FIFA gèrent plusieurs centaines de millions de dollars par an, dont une bonne partie en liquide. Et dans l'opacité la plus totale, ils mèneraient un train de vie de pachas. Quant à leur président, Sepp Blatter, le mystère reste total sur ses rémunérations. A l'image de son prédécesseur, le «sulfureux» Havelange, «il a le sens de la famille, le goût du secret, du pouvoir et de l'argent, et ne recule devant aucun obstacle». Mais remarquons que la justice de la FIFA existe : si les entraîneurs profèrent des insultes, ils sont immédiatement et sévèrement sanctionnés, à l'image de Diego Maradona, suspendu promptement pour deux mois. Il est vrai que l'Argentin n'a jamais été dans les bonnes grâces de l'empire Blatter. Ce dernier a le droit de faire des calculs pour sa réélection. Cependant, Sepp et ses distingués collaborateurs assument une lourde responsabilité dans le déroulement des événements footballistiques sous leur intendance. La crédibilité, déjà entamée, de l'auguste instance de Zurich en dépend. M. B.