Le meneur de jeu français du Real Madrid, Zinédine Zidane, a connu la joie du buteur pour son dernier match de football au stade Santiago-Bernabeu mais pas celle de la victoire, dimanche face à Villarreal, au terme d'une rencontre devenue folle (3-3). Zidane, revenu saluer le public en marcel à l'issue du match, aurait certainement préférer un succès mais ce nul permet au club madrilène de garder la main dans la course à la deuxième place, directement qualificative pour la Ligue des champions. Minute de jeu 66' : le Real Madrid, mené au score (2-1), malmené par son public, en panne d'inspiration, refait surface. Un centre royal de l'Anglais David Beckham trouve Zinédine Zidane au second poteau qui décroise parfaitement sa reprise de la tête. Huitième but de la saison — la dernière — pour le Français. Un penalty de Forlan (86') venait, pensait-on, annuler le bénéfice du but de Zidane, mais Julio Baptista égalisait une minute plus tard. Les joueurs de Villarreal ont sûrement beaucoup de respect pour Zidane mais, dimanche, il s'agissait pour eux d'un match de football comme un autre et ils étaient venus pour gagner. Et le coup est passé près. Après une ouverture du score acrobatique du Brésilien Julio Baptista (22'), ils ont égalisé sur un but de Mejia contre son camp puis pris l'avantage par une frappe ajustée de Forlan (38'). Le public madrilène était alors impitoyable. Après avoir chaleureusement applaudi son équipe — et surtout le Français — avant le coup d'envoi, il l'a copieusement sifflée à la mi-temps et au retour des vestiaires. Et Zidane dans tout ça ? Comme ses partenaires, il n'a pas été étincelant. Ovationné dès qu'il touchait la balle pendant le premier quart d'heure de jeu, il a placé un coup franc dangereux, repoussé par Barbosa (15'), et délivré une belle ouverture pour Raul, toujours aussi peu efficace devant le but (28'). Mais, en dehors de ses contrôles de balle toujours impeccables, c'était à peu près tout. Sa fin de première période s'est soldée par deux fautes, sur Riquelme, qui le tient en très haute estime, et sur José Mari. Le public l'a pourtant encouragé, réclamant même que David Beckham lui laisse tirer un coup franc direct (“Zizou, Zizou”). Mais l'Anglais n'a pas cédé (32'). Visiblement émoussé physiquement, il a été approximatif en seconde période. Jusqu'à son but de la tête, plein de sang froid. Mais dans l'ensemble, Zidane et le Real Madrid n'ont pas fait ce qu'il fallait pour battre une équipe de Villarreal qui n'a plus rien à espérer dans cette Liga. Le Français est sorti sous les applaudissements nourris du Bernabeu à l'issue du temps réglementaire, remplacé par Raul Bravo. Zinédine Zidane, dont la famille était venue en masse dans la capitale espagnole, préférera sans doute se souvenir de l'avant-match et de cet accueil fabuleux qui lui a été réservé. Accompagnés par l'hymne officiel du club (“Hala Madrid”), les quelque 80 000 supporteurs du stade Santiago-Bernabeu se sont levés en brandissant des posters représentant le maillot du meneur de jeu français. Juste avant le début de la rencontre, un montage retragant les principales étapes du Français au Real Madrid a été diffusé sur les deux écrans du stade. Ce sont les images de sa reprise de volée en finale de la Ligue des champions 2002, face au Bayer Leverkusen à Glasgow, qui ont eu le plus de succès. En dehors de ces actes officiels, des banderoles avaient été pendues çà et là dans Bernabeu. Avec le même message : “Gracias Zizou — Sissou comme le prononce les Espagnols” (Merci Zizou). Le Français est venu les remercier à la fin du match, avec quelques applaudissements timides. Mais faire le tour du terrain, ce n'est sans doute pas son truc.