La Centrale syndicale a recouru à cette mesure extrême pour rappeler aux décideurs que désormais rien ne peut se faire sans les travailleurs qui ont déjà payé très cher le passage à l'économie de marché. C'est aussi une manière de réhabiliter une UGTA fortement discréditée par ses multiples soutiens au pouvoir. C'est donc officiel. L'Union générale des travailleurs algériens (UGTA) ne fera pas marche arrière. Elle vient de mettre ses menaces à exécution en décidant d'observer deux journées de grève générale pour les 25 et 26 février prochains. Cette décision, prise hier à l'issue de la rencontre de l'état-major de la Centrale syndicale au siège du complexe des matériaux de construction à Zéralda, a fait l'unanimité parmi les participants : le secrétariat national, les secrétaires généraux des fédérations (SNVI, Sonatrach, Air Algérie, Sonelgaz, Naftal, les douanes…) et les unions de wilayas. Présidant l'ouverture des travaux, le patron de l'organisation syndicale, Abdelmadjid Sidi Saïd, a d'emblée donné le ton : “C'est une rencontre historique que nous tenons aujourd'hui. Il est de notre devoir d'être à la hauteur de la mission de syndicaliste dont on est investi et de nous exprimer clairement sur l'avenir des travailleurs et, par ricochet, de l'Algérie”. Et d'ajouter : “Se taire devant un tel délabrement de la situation du pays relève de la pure trahison.” Fortement ovationné par l'assistance, Sidi Saïd réitérera dans ce cadre les revendications du monde du travail, maintes fois exprimées et sur lesquelles se fonde la décision du débrayage : “La prise en charge du dossier de la Fonction publique dans le sens de la mise en place d'un statut qui consacre et approfondisse la culture d'Etat, réhabilite le fonctionnaire et donne corps aux impératifs de service public en direction de tous les citoyens, revalorisation des salaires et autres revenus fixes, la mise en place des moyens et des mécanismes à même de préserver l'entreprise algérienne face à la concurrence déloyale et les velléités de sa déstabilisation et l'engagement d'un processus autour de la modernisation du système de sécurité sociale et des retraites.” Dans le même ordre d'idées et tout en ciblant des ministres, en l'occurrence Hamid Temmar, Chakib Khelil, Noureddine Boukrouh et Abdelhamid Aberkane, le leader syndical a martelé sur un ton sévère : “Le refus d'un programme de privatisation unilatéralement élaboré, le rejet du projet de loi sur les hydrocarbures et la confirmation de son retrait, la nécessité d'une évaluation sereine et sans complaisance des réformes mises en œuvres ces dernières années et de leurs conséquences négatives sur le plan social et sur le fonctionnement des entreprises et la nécessité d'élaborer une véritable stratégie économique porteuse de bien-être pour l'ensemble des citoyens.” Sidi Saïd qui, pour la première fois, n'évoquera pas dans son allocution la politique de réconciliation prônée par le Président Bouteflika, se rattrapera dans la déclaration finale du secrétariat national en dénonçant “l'absence d'une vision cohérente et appropriée des missions de l'Etat en cette étape particulière de construction nationale qui exige, à la fois, la consolidation de l'autorité de l'Etat, de ses capacités de restaurer la sécurité des personnes et des biens et l'éradication du terrorisme”. Aussi, et tout en enjoignant les responsables syndicaux à demeurer mobilisés pour la réussite des deux journées de protestation, Sidi Saïd leur recommandera d'assurer le service minimum dans les secteurs stratégiques. N. M. Mohamed Badreddine, secrétaire national chargé des affaires économiques à l'UGTA “Nous n'avons aucun problème avec Benflis” Liberté : Vous dénoncez la gestion unilatérale de certains dossiers qui exigent la concertation avec le partenaire social… M. Mohamed Badreddine : Nous dénonçons le mépris de certains ministres que tout le monde connaît et qui ne font pas participer le partenaire social dans leurs actions. Ils prennent des décisions unilatérales et agissent seuls. Certains de ces ministres se considèrent, à eux seuls, comme un gouvernement. Vous voulez dire que vos griefs ne s'adressent pas l'ensemble du gouvernement ? Tout à fait. Nous n'avons de problèmes qu'avec les ministres détenteurs de la décision économique. Quel est l'état de vos rapports avec le Chef du gouvernement ? Jusqu'à preuve du contraire, nous n'avons aucun problème avec M. Benflis. Bien au contraire, nous avons de bonnes relations avec lui. Le dialogue et la concertation sont permanents avec le Chef du gouvernement. Mais malheureusement, les ministres détenteurs de la décision économique n'obéissent pas aux orientations de ce même Chef du gouvernement. Parmi les revendications que l'UGTA met en avant figure le retrait de l'avant-projet de loi sur les hydrocarbures. Pensez-vous que ce texte de loi est encore à l'ordre du jour ? Même si certains disent que l'avant-projet de loi est retiré, nous considérons qu'il ne l'est pas officiellement. N. M.