Le premier responsable de la Dlep est accusé de détournement de fonds et de malversation. Des accusations qu'il réfute catégoriquement. Rien ne va plus à la Dlep d'Oran (Direction du logement et des équipements publics). Ce qui n'était qu'une simple friction entre le responsable de la structure et les cadres de son administration émaillée de temps à autre par des accusations et des démentis par voie de presse tourne aujourd'hui carrément à la fracture. Résultat : des réalisations stratégiques à l'arrêt, la paralysie de quelques chantiers. L'enjeu : la clarté et la transparence dans la gestion.Pour les cadres que nous avons reçus à notre rédaction et qu'accompagnait un délégué syndical, les griefs reprochés à leur responsable de wilaya sont au moins de l'ordre de trois. En premier lieu, l'ouverture contraire à la loi d'un compte bancaire conjoint direction Opgi et Dlep à la BDL. “Ce compte, prétendent-ils, est alimenté par l'argent des cahiers des charges et était supposé subvenir aux besoins en matériel de bureau tels que rames de papier, stylos, règles, etc. Cela fait trois ans que ça dure et nous ne savons toujours pas comment est géré ce fonds. Ce qui est sûr est que nos besoins en nécessaires de bureau ne sont pas satisfaits et nous éprouvons même des difficultés à les satisfaire alors qu'auparavant et grâce à ce même fonds géré au niveau de notre bureau d'études nous pouvions alimenter en rames, enveloppes, stylos toutes les subdivisions de la wilaya. Nous avons demandé des comptes, et regardez ce que nous avons trouvé comme dépenses dans le cahier comptable : un billet d'avion de 20 000 DA, l'achat de faïence pour 60 000 DA, une facture de l'hôtel Aletti de 40 000 DA et même un chèque impayé. Comment peut-on donner un marché à quelqu'un qui n'a même pas 1000 ou 2 000 DA dans son compte ?” En second lieu, ajoutent les cadres, le détournement d'objectifs. “Nous devions construire trois subventions l'une à Aïn Turk, l'autre à Arzew et la troisième à Oran. Les deux dernières ont été effectivement réalisées, celle de Aïn Turk ne le sera pas, le crédit qu'on lui avait octroyé était insuffisant. C'est précisément avec ce crédit que le Dlep procédera à l'extension de son logement de fonction en y ajoutant même une terrasse.” En troisième lieu, insistent ces cadres, le scandale du lycée de 1000 places à Bir El Djir. “L'entreprise qui a obtenu le marché et qui était initialement domiciliée à la Trust Bank d'Alger a, sans crier gare, changé de banque pour se fixer à la BNA de Bordj El Kiffan sans présenter pour autant de quitus légal à sa première banque comme le prévoit la loi. Cette dernière d'ailleurs a envoyé à la Dlep cinq avocats pour ça. La même entreprise, la Sebatp, pour cet ouvrage a non seulement perçu une avance forfaiture de 6 366 739,80 DA et une avance sur approvisionnement de plus de 12 millions de DA, ce qui est son droit le plus absolu mais en plus a encaissé illégalement deux situations de travaux l'une de 9 517 364,21 DA et l'autre de 4 204 327 DA. Et avec tout ça le lycée n'est qu'à 70% de son avancement.” Contacté pour avoir sa version des faits, le Dlep balaiera d'un revers de la main toutes ces accusations. “Concernant cette histoire de compte Opgi-Dlep, nous n'avons aucune signature, ni délégation de signature, donc nous ne pouvons rien ordonner. D'autre part, on a oublié de vous dire que les frais de billet d'avion concernent des cadres de la Dlep partis à Alger défendre un projet de la wilaya auprès du ministère des Finances, ce qui vous explique les frais d'hôtel à l'Aletti. Quant à cette histoire de faïence, tenez, regardez nous n'avons jamais acheté de matériaux de construction mais du matériel de bureau en voilà la facture.” “Vous me parlez de l'entreprise Sebatp, c'est la seule entreprise qui fait du 3 fois 8, forcément on est jaloux. Et puis, en quoi cela nous concerne si elle change de banque, ce n'est pas notre problème.” En tout état de cause (et nous possédons copie), le wali d'Oran par note n° 1066 du 20 décembre 2005 fait injonction au Dlep “de procéder à la résiliation du marché avec l'entreprise Sebatp après abandon des travaux de plus de 3 mois”. Affaire à suivre. MUSTAPHA MOHAMMEDI