Ghardaïa est la destination de choix de milliers de visiteurs tant nationaux qu'étrangers. Cette attractivité est due en grande partie à l'originalité de l'architecture du Mzab qui suscite intérêt et curiosité. Son esthétisme et sa fonctionnalité avaient inspiré des architectes de renom : Le Corbusier, Pouillon et consorts. Les étudiants en architecture viennent chaque année pour des voyages d'étude, inspirateurs, dans ce site historique que l'Unesco n'a pas manqué de classer, en 1982, patrimoine de l'humanité. Dix siècles d'histoire riche et variée ont définitivement consacré la notoriété d'une ville singulière. Tout ce legs civilisationnel, apanage des “terre promises”, s'accommode mal avec la banalité des villes ordinaires. C'est fort de cet héritage séculaire que Ghardaïa est condamnée à l'excellence. Et c'est avec bonheur qu'elle reprend des couleurs et vit au rythme effréné du renouveau après des années d'abandon et de “saccage” induits par la tourmente de la décennie noire. Les touristes ont fui et les lieux de prédilection ont peu à peu perdu de leur attrait. La désolation était devenue maîtresse des lieux. L'hôtel Rostémides, qui domine majestueusement la ville, est l'exemple parfait de cette “descente aux enfers” imposée par la conjoncture tragique que traversait le pays. Hier encore, cette structure pensée par Fernand Pouillon était le passage obligé des touristes. Ils y trouvaient chaleur et convivialité. Dix ans durant, il est resté fermé et vidé de son sens. Heureusement que les choses ont changé car la paix retrouvée et la bonne gouvernance ont insufflé un rythme nouveau à la région. La ville bouge. De nouveaux quartiers voient le jour : Bouheraoua, à l'entrée de la ville, et Noumérate, à la sortie sud, élaguent une cité saturée. Une grande université ouvrira ses portes dès la rentrée prochaine. Un complexe olympique pourvu de toute l'infrastructure sportive adéquate est déjà fonctionnel. Une autoroute de plus de vingt km permet une plus grande fluidité de la circulation. L'oued Mzab n'est plus le réceptacle des eaux usées grâce au réseau de canalisation ovoïde en phase de réalisation. Ce “soulagement” a mis hors d'état de nuire les moustiques : c'est la mi-mai et pas de trace de ces bestioles. Et la véritable gageure, c'est les jeunes qui ont transformé ce lieu en aires de jeux et de détente. L'ensemble de la ville connaît un relooking attrayant : les chaussées “nids-de-poule” sont tapissées, les trottoirs refaits et les espaces verts donnent une note de fraîcheur et d'écologie. On sent une touche artistique dans le gigantesque effort entrepris pour redorer le blason d'une cité millénaire. Des terrains de jeux en matico sont installés dans la plupart des quartiers, des cours de pétanque attirent les amoureux des boules... Ghardaïa, cette ville fourmilière, retrouve peu à peu son lustre d'antan et le meilleur reste à venir pour renforcer une grandeur retrouvée. Rachid MERSEL