De Paris à Tokyo et de Blida à Buenos Aires, une chaîne de solidarité extraordinaire est déployée, portée par des cinéastes, des poètes, des écrivains, pour dire, chanter et crier la Palestine. Un mois durant, du 15 mai au 15 juin, un peu partout dans le monde, des bouts de société civile sensibles à la question palestinienne vont occuper des rues, des cafés, des cinoches, des salles d'expos, des théâtres, pour “taguer” le mot “Falastine” sur tous les murs de la honte et casser l'embargo sur le peuple palestinien. Baptisée “Marhabane Falastine”. Chez nous, l'opération est relayée par cinq “agitateurs” : l'association Chrysalide, El-Ikhtilef, Espace Noun, la filmathèque Mohamed-Zinet et le café Bendali à Blida. D'ailleurs, c'est dans ce dernier espace que sera donné le coup d'envoi de la caravane côté algérien avec la projection du film de Samir Abdallah et José Reynes : Ecrivains des Frontières. “L'initiative de faire quelque chose en Algérie revient au cinéaste Abdennour Zahzah qui connaît Samir Abdallah. Nous avons tout de suite voulu faire des interventions autour de cette grande manifestation”, dira Djalila Kadi-Hanifi, présidente de l'association culturelle Chrysalide. Pour sa part, Abdennour Zahzah déclarera que “l'opération a débuté à Tokyo en raison du décalage horaire. À Paris, elle a démarré au Cabaret sauvage” avant d'évoquer un différend qui l'a opposé au directeur de la cinémathèque. Ce dernier aurait refusé de mettre la salle de la cinémathèque à la disposition des organisateurs pour la projection des films programmés et aurait ainsi, de facto, “censuré” l'événement, selon les termes de Zahzah. Nous avons rencontré le directeur en question, M. Hassan El-Hadj Abderahmane, hier, et il a récusé en bloc ces accusations en déclarant : “Ce Monsieur est venu me parler à titre individuel. Je lui ai clairement signifié que j'étais prêt à diffuser les films, mais en tant que cinémathèque, pas au nom d'un individu. Il aurait fallu que les organisateurs de cet événement nous saisissent par écrit.” Du coup, parler de “censure” est, à ses yeux, “ridicule”. “D'ailleurs, j'ai mis deux des films programmés à la disposition de la filmathèque Mohamed-Zinet”, a-t-il fait saloir, courrier à l'appui, avant de poursuivre. “Comment voulez-vous que je censure un sujet aussi cher à nos cœurs que la Palestine ? Trouvez-vous logique que moi, qui suis un commis de l'Etat, travaillant dans une institution de l'Etat, aille à l'encontre d'une position officielle de mon pays qui soutient la cause palestinienne ?” Pour lui, la pomme de la discorde se situait au niveau de la forme. Et d'ajouter : “Du reste, il me fallait visionner ces films et m'assurer qu'il n'y avait rien qui desserve l'image de la Palestine. Sachez qu'à la base, il n'y a jamais censure de la part de la cinémathèque dont c'est la mission justement de projeter des œuvres cinématographiques à l'état brut. Mais, dans un cas comme celui-ci, il faut prendre les précautions qui s'imposent afin de ne pas générer de conflit diplomatique.” M. B.