L'évaluation universelle dans la pensée de Abderrahmane Ibn Khaldoun est le thème d'un colloque international organisé depuis avant- hier à l'université Ibn-Khaldoun de Tiaret, pour célébrer le sixième centenaire du décès, en 1406, du premier théoricien de l'histoire des civilisations. D'éminentes personnalités venues de différents pays arabes et européens (Egypte, Syrie, Maroc, Tunisie, Libye, France et Espagne) ont participé à cette manifestation d'envergure. Premier intervenant lors de cette manifestation, le docteur Amar Mahmoudi a souligné l'initiative prise par la ville de Tiaret d'organiser une telle rencontre. “À Tiaret, où l'auteur de l'histoire des Berbères a longuement séjourné, un hommage particulier doit lui être consacré et ce, en guise de reconnaissance à ses valeurs politico-sociales et historiques” Toutefois, ce que de nombreux observateurs trouvent aberrant, c'est le fait que certains écrivains et publicistes arabes n'ont pas trouvé mieux que de dénigrer méchamment les œuvres de ce grand penseur dont les valeurs sont incontestablement reconnues dans les milieux intellectuels tant européens que musulmans. “Il est paradoxal que des intellectuels musulmans rejettent l'un des plus grands penseurs arabo-berbères, alors que tous ces commentateurs disent que sa méthode d'analyse des phénomènes sociaux et politiques est en avance de plusieurs siècles sur la pensée européenne”, tenait à expliquer un professeur de l'Université de Tiaret. Par ailleurs, il est regrettable de relever l'absence caractérisée, à cet événement, des autorités locales, contrairement à d'autres régions comme Béjaïa où le colloque a eu droit à une large médiatisation. Ibn Khaldoun issu dune famille originaire d'Andalousie, de son vrai nom Abou Zeid Abderrahmane, est né à Tunis le 27 mai 1332 et décédé le 19 mars 1406 au Caire. Amazigh de l'époque de la dynastie amazigh mérinide, il a mis fin à sa carrière politique en 1374, alors âgé de 42 ans, pour se consacrer à l'écriture pour les raisons profondes ayant véhiculé la décadence dynastique qu'il assimilait à la croissance et à la vieillesse de l'être humain. R. SALEM