Le nombre des touristes étrangers, qui ont visité les villes balnéaires algériennes durant la dernière saison estivale ne dépasse pas les 3 000. C'est Béjaïa qui a connu la plus forte affluence avec 500 touristes, suivie de près par Alger avec 414 touristes. C'est ce qui ressort des statistiques officielles et rigoureuses d'institutions en charge, entre autres, de la sécurité des étrangers. Si le chiffre est minime, force est de reconnaître que le taux de croissance des arrivées par rapport à 2004, soit 30%, est jugé important. Cette tendance risque toutefois d'être freinée, cet été, à cause de trois éléments. La coïncidence de l'évènement majeur qui est la Coupe du monde de football 2006, l'inexistence d'un marché du transport aérien et l'absence d'une réelle stratégie pour le secteur. L'organisation cette année, de la grande fête de la balle ronde, en Allemagne, durant le mois de juin, a poussé les plus importants Tours operators dans le monde à revoir à la baisse leurs prévisions pour l'été 2006. En Algérie, bien qu'il s'agisse d'une destination à l'état embryonnaire, les spécialistes nationaux s'attendent à une baisse, si ce n'est pas du nombre, du moins du taux de croissance des arrivées. Cette éventuelle tendance à la baisse semble avoir échappé aux pouvoirs publics lors de l'organisation du dernier Salon du tourisme d'Alger. En effet, bien que les spécialistes algériens les plus crédibles ne cessent de plaidoyer pour une relance du tourisme national par le balnéaire, aucune politique n'est affichée dans ce sens. Organisé du 15 au 19 mai derniers, donc la veille de la saison estivale, le Salon international du tourisme et des voyages a prévu un “eductour” pour les invités étrangers à Timimoun, dans le Sud et non dans le Nord. L'Algérie se retrouve donc le seul pays dans le monde qui fait la promotion de son désert alors qu'il fait déjà 35 degrés sur ses côtes. L'Eductour aurait pu être une occasion pour promouvoir le balnéaire au moins auprès de la clientèle nationale. Le nombre des Algériens qui ont choisi de passer leurs vacances d'été 2005 en Tunisie et au Maroc dépasse le million, soit 20% de l'ensemble des arrivées en Tunisie. Il s'agit d'une demande qui, à elle seule, peut créer un véritable boom touristique avec une recette supplémentaire minimale de 500 millions d'équivalent en euros. Cette clientèle, qui existe et qui a le voyage dans le sang depuis les fameuses années du tourisme de masse, ne va pas en Tunisie pour le thermalisme mais pour le balnéaire. Mais comme le font remarquer les professionnels du tourisme, le salon commence, déjà depuis au moins 3 années, à perdre sa vocation pour ne pas dire son souffle. Lors de la dernière édition, aucun stand n'a proposé la destination Algérie. Les plus actifs et visités y compris par les gens de la profession, sont ceux proposant l'émetteur soit la omra, la Tunisie, l'Egypte, la Grèce et la Turquie. En fait, la seule présence étrangère du salon se limite à des entités venues vendre leur destination. Ce qui est à comptabiliser en débit de la manifestation. La situation du marché du transport aérien est l'autre obstacle qui va freiner la croissance des arrivées, boostée par l'effet normalisation de la situation sécuritaire, plus que par un travail de fond. Selon un voyagiste, qui se dit versé dans le réceptif, “déjà, alors qu'on est au moins de mai, il est difficile de trouver un siège à destination de l'Algérie pour l'été depuis l'Hexagone. Comme le ciel Algérie est sous monopole et la “chartérisation” est du domaine de l'impossible sans aide des pouvoirs publics, faire du réceptif en été est une aventure à haut risque”. Mourad Kezzar