“Il n'y aura pas de mesures d'indemnisation pour les commerçants dont les locaux ont été touchés ou effondrés suite au séisme du 21 mai 2003”, a affirmé le wali de Boumerdès. “Nous allons étudier les possibilités de favoriser les commerçants pour obtenir des locaux auprès de l'OPGI ou auprès de l'Ansej dans le cadre de l'opération des 100 locaux”, a ajouté le chef de l'exécutif. L'intervention du wali est considérée par les commerçants sinistrés comme un revirement par rapport à ses premières déclarations où il avait annoncé à plusieurs reprises “l'existence d'un projet de prise en charge des commerçants sinistrés en cours d'examen au niveau du chef du gouvernement”. Les commerçants, qui étaient jusqu'ici très confiants, ont placé leur espoir sur un éventuel texte permettant la régularisation de leur situation ou du moins alléger leur souffrance. Ils sont plus de 2 000 dans les wilayas de Boumerdès et d'Alger dont les locaux ont été touchés à des degrés divers. Rien qu'à Boumerdès, ce sont 1 150 commerces dont 500 classés rouge ou totalement effondrés. Parmi eux, cinq hôtels dont les propriétaires aujourd'hui au chômage vivent une situation des plus insoutenables, provoquant ainsi la mise au chômage de plus de 20 pères de famille. Un autre commerçant à Corso, qui possédait un centre commercial, se trouve également dans une situation désastreuse. “On nous demande de voir les banques, mais est-ce que nous avons des banques dans le pays ?” s'est-il interrogé. Et pour illustrer ses propos, il nous exhibe un document daté pourtant d'avant le séisme où la BNA, pour un projet d'investissement, lui signifie le rejet de son dossier pour cause “n'est pas rentable sur le plan économique”. À Heuraoua, Sentouhi Ahmed, propriétaire et gérant de l'hôtel Beau-Rivage, situé à Kadous-Plage et qui faisait la fierté de toute la région de “l'est d'Alger” ne sait plus à quel sain se vouer. Ballotté entre les différentes administrations, il n'a pas à la date d'aujourd'hui reçu son permis de construire. Son hôtel était pourtant assuré, mais la clause sur le risque de calamité ou séisme manquait dans le document délivré par son agence d'assurance. “Ce n'est pas de ma faute si l'assurance n'a pas prévu la clause”, s'insurge-t-il. Du coup, son établissement évalué à 20 milliards de centimes, parti en fumée, ne lui sera jamais remboursé. Pis, il est sommé de s'acquitter des crédits bancaires bien que son établissement soit toujours en ruine. Son calvaire ne s'arrête pas là. Ses tentatives pour obtenir de l'aide auprès des autorités concernées, du moins le permis de construire, sont demeurées vaines. “Nous avons soumis depuis 2003 des dossiers à la Direction régionale du commerce et à toutes les administrations, mais sans écho”. Contacté, hier, par téléphone, M. Salah Souileh, secrétaire général de l'UGCAA, affirme ignorer les informations données par le wali de Boumerdès. Comme il a indiqué que son organisation, qui continue, selon lui, à plaider la situation des commerçants, n'a pas fait d'écrit au chef du gouvernement au sujet de l'indemnisation des commerçants. “Mais nous lui avons transmis les doléances faites par le bureau UGCAA de Boumerdès”, a-t-il précisé. Les commerçants rencontrés, hier, nous ont indiqué qu'ils n'attendent rien de l'UGCAA. “Les responsables de cette organisation n'ont jamais bougé le petit doigt pour notre cause”, concluent-ils. M. T.