La justice vénézuélienne a lancé une offensive envers les leaders de la grève contre le président Hugo Chavez, en ordonnant l'arrestation du patron des patrons, Carlos Fernandez, détenu depuis mercredi soir, et du syndicaliste Carlos Ortega, pour “rébellion” et “trahison”. Cette mesure contre les chefs de file de la grève, qui a paralysé le secteur pétrolier en décembre et janvier, pourrait relancer les manifestations de l'opposition au président Chavez. “Il faut sortir dans la rue”, a déclaré jeudi dernier le dirigeant patronal, Rafael Alfonzo, à la chaîne Union Radio. Le mandat d'arrêt contre MM. Fernandez et Ortega a été délivré par le juge Maikel José Moreno, à la demande des services du procureur, pour “rébellion, trahison de la patrie, incitation à la délinquance, association de délinquants et dévastation”, a précisé le magistrat à la presse. Carlos Fernandez, président de la fédération patronale Fedecamaras, a été arrêté mercredi soir dans un restaurant de Caracas, selon ses avocats. Le vice-président de Fedecamaras, Alvis Munoz, a qualifié cette détention de “séquestration” et annoncé que la direction de l'organisation allait se réunir pour analyser la situation et les mesures à prendre. MM. Fernandez et Ortega ont été les initiateurs de la grève menée du 2 décembre au 2 février et qui a paralysé l'industrie pétrolière, vitale pour le Venezuela, 8e exportateur mondial. La production de brut, de plus de 2,8 millions de barils par jour avant la grève, est récemment remontée à 2 mb/j après avoir chuté à 150 000 b/j en janvier. La grève a causé 4 milliards de dollars de pertes au Venezuela. Le gouvernement a recouru au contrôle des changes et des prix pour empêcher une fuite des capitaux et une flambée de l'inflation. Le mandat d'arrêt contre MM. Fernandez et Ortega coïncide avec la suspension pour une semaine des négociations menées entre l'opposition et le gouvernement pour trouver une issue à la crise politique. Un accord, le premier depuis le début de ces discussions en novembre, avait été signé mardi dernier en faveur de la non-violence.