Réélu en 2000 pour un mandat de six ans, le président vénézuélien est sérieusement mis en difficulté par l'opposition, qui tire les ficelles de la grève. Au cinquième jour, hier, du mouvement de grève générale contre le président Hugo Chavez, la situation se complique davantage après la fusillade de vendredi dernier, qui a fait trois morts et dix-huit blessés à Caracas. La police judiciaire a arrêté sept personnes qui auraient ouvert le feu sur des manifestants à la place Francia, dans le quartier chic d'Altamira de la capitale vénézuélienne, où se trouvaient 14 officiers rebelles. Le leader de ces derniers, le général Enrique Medina, a imputé la fusillade à l'exécutif. Il a profité de l'occasion pour appeler les militaires à se prononcer sur “ce gouvernement assassin”. Les autorités n'ont pas manqué de condamner ce fait, tout en estimant que la fusillade faisait “partie d'un enchaînement qui semble ne pas avoir de fin et doit être rejeté par tous les Vénézuéliens”. Hugo Chavez a également réagi en lançant un appel au calme et à la pondération. “La table de dialogue”, structure créée et installée depuis le 28 novembre, qui réunit l'opposition et le pouvoir pour trouver une solution à la crise que connaît le pays, n'arrive toujours pas à jouer le rôle qui lui est dévolu. Après la suspension de ses réunions, suite à l'appel à la grève de l'opposition, le 30 novembre dernier, une rencontre devait avoir lieu vendredi soir entre les deux parties à l'appel de l'organisation des états américains (OEA), dont le secrétaire général fait office de médiateur entre les deux protagonistes. La non-tenue de la réunion a été mise à profit par l'opposition, qui a rejeté la responsabilité sur le pouvoir, qu'elle accuse d'avoir fait preuve de négligence prouvée dans la gestion des conflits. Du coup, la grève est prolongée pour une durée illimitée. “La grève civique active continue”, a déclaré Carlos Ortega, président de la confédération des travailleurs du Venezuela (CTV), tout en appelant à une manifestation hier depuis le siège de la Holding publique Petroleos de Venezuela (PDVSA). Cette dernière semble être l'objet de convoitise des grévistes, qui cherchent à bloquer, du moins à réduire son activité pétrolière afin que l'impact sur l'économie soit plus important. Jusqu'à hier, cette compagnie continuait à assurer ses engagements vis-à-vis de ses clients étrangers, notamment les Etats-Unis, malgré la réduction de certains volumes de production. Il y a lieu de signaler que les sites de PDVSA ont été placés sous surveillance de l'armée. Cette grève est la quatrième depuis une année, lancée par la confédération des travailleurs du Venezuela (CTA) et la fédération patronale (Fedecamaras), soutenues par la coordination démocratique, qui regroupe des partis de l'opposition. La précédente grève, le 11 avril dernier, avait abouti à un putsch temporaire, qui avait éloigné Hugo Chavez du pouvoir pendant deux jours avant qu'il ne retrouve son poste de président. Les Etats-Unis, qui ne sont pas insensibles à ce qui se passe dans ce pays, se disent “profondément préoccupés” par l'explosion de la violence au Venezuela et ont recommandé à leurs ressortissants d'éviter de se rendre dans ce pays. Le bras de fer entre Hugo Chavez et l'opposition, engagé depuis un an maintenant, risque de coûter cher au Venezuela, tant la durée de ce mouvement de grève n'est pas facile à limiter dans le temps, surtout qu'aucune des deux parties ne semble disposée à faire des concessions. K. A.