C'est au moment où des policiers en civil tentaient de disperser des manifestants que deux d'entre eux ont été poignardés. Jeudi vers 17h, de violents affrontements ont éclaté dans la localité de Mekla et se sont poursuivis jusqu'aux environs de 20h. Les versions concernant l'affaire qui a précédé le déclenchement des émeutes sont multiples mais le bilan est le même : un jeune manifestant grièvement blessé par une grenade lacrymogène au niveau de la mâchoire et évacué au CHU Mustapha-Bacha à Alger, et un policier mortellement poignardé qui a succombé, hier matin, à ses blessures au CHU Nédir-Mohamed de Tizi Ouzou. Cependant, tous les recoupements qu'on a pu faire des différentes versions, celles de la police et des citoyens de la localité, font état d'une dispute qui aurait éclaté entre jeunes d'un quartier de Mekla et policiers en civil. Ces derniers se seraient déplacés dans ce quartier, à la recherche d'un citoyen, dans le cadre d'une enquête policière. Selon des témoignages locaux, après une réponse négative des jeunes qui se trouvaient sur place —“nous ne savons pas où il habite”, leur avaient-ils répondu — les policiers, irrités, auraient débité des insanités et autres insultes à leur égard. Irrités, à leur tour, les jeunes se sont attaqués aux policiers en civil. L'un d'eux, qui a agressé l'un des policiers a été arrêté et conduit au siège de la sûreté de daïra. C'est alors qu'un rassemblement s'est spontanément formé devant le commissariat, où les parents du détenu et des citoyens exigeaient sa libération. Des policiers en civil sont alors sortis pour tenter de disperser les manifestants, et c'est là que deux policiers, sans qu'on sache les circonstances, ont été poignardés. Les CNS se trouvant à l'intérieur du siège de la sûreté de daïra, pour rappel ex-brigade de gendarmerie, ont commencé, à leur tour, à tirer des balles en caoutchouc et des grenades lacrymogènes avant que d'importants renforts ne soient dépêchés de Tizi Ouzou. C'est là que les violents affrontements ont commencé pour ne s'arrêter que dans la soirée. De nombreux blessés légers, touchés par des balles en caoutchouc ou des capsules de grenades lacrymogènes ont été enregistrés parmi les manifestants. Deux blessés ont eu des points de suture au ventre, l'un a été touché à la tête par une balle en caoutchouc mais le plus gravement atteint est celui évacué au CHU Mustapha-Bacha d'Alger. En effet, il a été touché par une grenade lacrymogène au niveau de la mâchoire, et l'on ignorait, hier soir, son état de santé. L'un des policiers en civil poignardés, âgé de 30 ans et originaire de Béni Douala, a succombé à ses blessures, hier, à 7 h. Beaucoup se sont accordés à dire que des zones d'ombre entourent la blessure et la mort de ce policier. K. S.