Au moment où l'Etat rénove toutes ses structures touristiques à cause de leur inquiétante dégradation, des hôtels complètement délabrés se voient décernés des prix internationaux. Au grand étonnement de tout le monde, des unités hôtelières, qui subissent en ce moment des opérations de restructuration, ont été curieusement sélectionnées pour recevoir des distinctions par un organisme international. Compte tenu de l'état lamentable de ces hôtels, les primer est un acte on ne peut plus dubitatif. L'œuvre émane du groupe international Business Initiative Directions (BID), basé à Madrid (Espagne). Cet organisme est, selon ses dirigeants, composé d'entreprises spécialisées et de prestigieux professionnels qui, après enquête, jettent leur dévolu sur tel ou tel établissement à travers le monde. Un prix est, donc, remis à cet établissement pour reconnaître “ses réussites institutionnelles, le leadership, la qualité, l'innovation, l'excellence, la technologie, le prestige et les prestations de service au profit du client”, lit-on dans un document présentant les activités du BID. Un vote effectué au niveau interne détermine l'heureux élu qui recevra le trophée “Total Quality Management” ou l'“Arc d'Europe de la qualité et de la technologie”... Il s'avère que les enquêtes en question ne sont jamais menées, révèle un responsable proche du ministère du Tourisme. Sinon, comment expliquer qu'un hôtel comme Les Rostémides dans la wilaya de Ghardaïa reçoive le prix de l'“Etoile internationale de la Qualité” selon la même source alors que ses portes sont fermées depuis 1994 ? La lettre a été adressée à la direction le 19 décembre dernier. L'hôtel Amraoua de Tizi Ouzou a été, lui aussi, primé récemment du 28e Trophée international de tourisme. Le prix devrait être remis à son premier responsable le 29 janvier dernier. Les initiateurs de cette curieuse pratique saisissent l'occasion de la tenue d'une manifestation touristique internationale pour envoyer à la direction de l'hôtel sélectionné un courrier lui signifiant l'obtention du prix et l'invitant à la cérémonie. Il est demandé, en revanche, au représentant de la structure hôtelière de payer la somme, tenez-vous bien, de 3 200 euros qui englobent les frais d'hébergement de deux nuits dans un hôtel, le repas et le trophée. “C'est à ce niveau que se situe l'arnaque”, lancera une source proche de l'Entreprise de gestion touristique (EGT-Centre). Un simple calcul effectué par notre source révèle que les organisateurs gagnent au moins 2 500 euros dans l'affaire. Car, les frais d'une chambre double (même pas individuelle), le repas et le trophée “d'une valeur insignifiante”, dira notre interlocuteur, ne sauraient dépasser les 1 000 euros. Ils exigent le paiement cash à l'arrivée. Il faut dire que la plupart des dirigeants ne mordent pas à l'hameçon. Ils flairent l'arnaque et évitent, de ce fait, de tomber dans les rets. Ces gens, estime la même source, profitent de la candeur de certains dirigeants d'hôtel pour gagner de l'argent à tire-d'aile. C'est loin d'être un menu larcin quand on sait que des centaines de victimes sont le dindon de la farce. Une lettre, une simple organisation, une invitation et le tour est joué. Sans se creuser trop la tête, ils ont trouvé un moyen rapide mais surtout efficace pour s'enrichir. Il est grand temps que les autorités concernées mettent un terme à ces pratiques. B. K.