La Protection civile a organisé un séminaire sur la prise en charge psychologique des intervenants lors des catastrophes. Considérés comme des “êtres surnaturels”, les intervenants lors des catastrophes naturelles ou après des actes terroristes ne sont en réalité que des hommes et des femmes. Eux aussi ont leurs préoccupations et leurs faiblesses, tout comme le plus commun des mortels. L'adage “Le cordonnier mal chaussé” s'applique plus particulièrement aux éléments de la Protection civile qui ont pour devise “sauver ou périr” et qui ne trouvent jusqu'à une date récente aucune oreille attentive. Ils sortent sur le terrain pour secourir des victimes, ils intériorisent des scènes horribles qui provoquent évidemment des traumatismes plus ou moins chroniques. Par ailleurs, même les victimes ne bénéficiaient que d'une prise en charge médicale. Il s'agit bien entendu de la première préoccupation, surtout lorsqu'il faut parer au plus pressé. Les enseignements de la décennie noire qu'a vécue le pays ont montré les grands dégâts psychologiques qu'ont provoqués les attentats terroristes chez les victimes et les intervenants. C'est dans cette logique que la Protection civile organise depuis hier “le premier séminaire-atelier sur le stress et le traumatisme psychique”. Des représentants de tous les intervenants lors des catastrophes, à savoir la Gendarmerie, la police et le Service aide médicale d'urgence (SAMU), ont pris part à ces travaux. Par ailleurs, plusieurs psychologues sont intervenus pour mettre en exergue l'importance de leur “apport” en faveur des victimes et des sauveteurs. Le Dr Brouri, médecin capitaine, sous-directeur des secours médicalisés à la Protection civile, rappelle l'importance de la prise en charge des personnels intervenants, lors des catastrophes naturels, des accidents de la circulation ou d'actes terroristes. “Il faut se pencher sur le stress et les traumatismes psychiques avant qu'ils n'évoluent et n'atteignent le stade chronique”, estime-t-il. Bien entendu, il rappelle que la mentalité de l'Algérien qui croit en le “mektoub” amortit plus ou moins le choc des images horribles perçues lors des interventions. Pour cela, il évoque les efforts de la Protection civile en matière de formation dont bénéficient des médecins, appelés à soutenir les éléments présentant des symptômes de stress ou de traumatismes psychiques. Sans le dire clairement, il insinue que le moment est venu pour venir en aide aux secouristes. M. Hadab, professeur de psychologie à l'université, et le Pr Kacha, chef de service à l'hôpital psychiatrique de Chéraga, insistent sur l'intérêt d'une telle prise en charge pour notamment maintenir le moral des intervenants. S. I.