De l'aveu même des spécialistes étrangers, l'Algérie possède une grande expérience dans la gestion des crises majeures et des catastrophes naturelles. Les catastrophes naturelles et la décennie noire du terrorisme qu'a connues l'Algérie ont donné aux intervenants nationaux une expérience non négligeable de laquelle ils ne privent pas les autres pays en cas de nécessité. Aguerris et formés sur le terrain, les éléments de la Protection civile ont ainsi acquis un savoir-faire en la matière qu'ils mettent à la disposition des citoyens algériens ou à l'étranger. La gestion de crises majeures ne s'improvise pas, et c'est grâce au travail quotidien des éléments de la Protection civile et aux expériences du passée qu'ils sont devenus de vrais experts, réclamés par les pays étrangers confrontés aux catastrophes naturelles. Comme lors des catastrophes naturelles, les policiers sont les premiers à être sur le terrain. La Direction générale de la sûreté nationale a organisé ce jeudi une conférence débat sur le sujet au siège de l'Unité républicaine d'intervention (URS) de Kouba. Animée par l'adjoint du directeur général de la Protection civile, le colonel Ketrouci Belkacem, la conférence a permis aux cadres de la Protection civile de faire part de leurs expériences, pour mieux coordonner leurs interventions lors des crises majeures. Cette coordination se fera bien entendu avec les éléments de la police et de l'armée. Le conférencier a tenu à rappeler que lors des catastrophes naturelles qu'a connues l'Algérie, les policiers étaient les premiers sur le terrain. “Les policiers sont les premiers à intervenir sur le terrain pour assurer l'ordre et la sécurité, les deux conditions primordiales avant le travail des secouristes”, affirme le colonel Ketrouci Belkacem. Le même responsable met l'accent sur l'importance de la coordination des efforts et des moyens des services chargés de gérer une crise majeure. Il se réfère souvent aux dernières catastrophes survenues à Bab El-Oued en 2001 et à Boumerdès en 2003, pour conforter ses déclarations et réitérer l'importance de la coordination entre toutes les équipes intervenantes. Il insiste sur les capacités de réaction des autorités algériennes lors de ces deux évènements et défie quiconque de lui citer des exemples dans le monde où les sinistrés furent aussi bien pris en charge, pendant et après les catastrophes. Il affirme que peu de pays dans le monde peuvent se targuer d'avoir su gérer les catastrophes comme ce fut le cas en Algérie. Interrogé sur les retards enregistrés en matière d'intervention lors des inondations de Bab El-Oued et du séisme de Boumerdès, le DG adjoint de la Protection civile a estimé : “Je n'ai rien à cacher pour le cas de Bab El-Oued, le gros problème que nous avions rencontré, ce fut l'inaccessibilité, nous n'avions pas par où passer. Toutes les routes étaient coupées. Je tiens à préciser que les unités de la Protection civile de Bab El-Oued et de Beni Messous étaient à pied d'œuvre dès les premières heures.” Quant au séisme de Boumerdès, il a rejeté catégoriquement les rumeurs qui faisaient état du retard dans les interventions : “Je peux vous assurer que le DG de la Protection civile et moi-même étions sur les lieux 15 minutes après le séisme.” Selon lui, les sinistrés de ces deux catastrophes ont été pris en charge mieux que dans certains pays développés, car en plus des secours mobilisés, ils ont bénéficié d'hébergement d'urgence dans les plus brefs délais, sans compter les efforts de l'Etat qui leur ont offert des logements dans un temps record. Ces deux crises majeures ont permis de définir les conditions et les mécanismes à mettre en branle lors d'un plan Orsec. La loi 20/04 du 25 décembre 2004 est venue pour remplacer celle de 1984 en matière de gestion des grandes crises, terme adopté par l'Organisation internationale des Croix et Croissants-Rouges pour désigner les situations anormales. Les grandes crises désignent désormais les catastrophes naturelles, les pollutions de l'air, de la mer et du sol, les dangers des irradiations, la sécheresse, etc., qui peuvent présenter un danger sur la vie ou la santé des personnes. La nouvelle loi définit avec précision les moyens à mobiliser, au niveau de la commune, de la wilaya, de la région et sur le plan national en cas de désastre. Le mot crise majeure inclut dorénavant les manifestations de grande ampleur et violentes, leur gestion nécessite aussi la mobilisation des moyens identiques à ceux propres aux catastrophes naturelles jusque-là, car les secours, le maintien de l'ordre et les communications sont cette fois aussi indispensables. Pour sa part, le commissaire divisionnaire, Benaïni Mostapha, chef de sûreté adjoint de la wilaya d'Alger, a tenu à mettre l'accent lui aussi sur l'importance de la coordination entre les entités intervenant lors de crises majeures. Le colonel Ketrouci se félicite aussi de la spécificité algérienne, où quand il y a une catastrophe, les citoyens et l'Etat se mobilisent comme un seul homme. Il révèle que les secouristes sont pris en charge sur le plan psychologique, car précise-t-il : “Ils ne sont pas des robots et ils ont des états d'âme. Des psychologues les suivent et ils assistent à des groupes de paroles pour leur permettre de se reconstituer. Nous avons une expérience, car des éléments de la Protection civile intervenaient lors des actes terroristes. Nous ne déplorons aucun cas de séquelles psychologiques parmi les 30 000 homme qui constituent le corps de la Protection civile en Algérie.” Le conférencier a commenté la projection d'un film sur les interventions des secouristes algériens lors des inondations de Bab El-Oued, les séismes de Boumerdès, de Bam en Iran et de Hoceima au Maroc. Il a conclu son intervention en rappelant que l'expérience algérienne sert de modèle dans les pays étrangers. Said Ibrahim