Cette réunion “spécial Algérie” est une première dans les annales de la coopération. Aussitôt dit, aussitôt fait. Le président français, M. Jacques Chirac, semble avoir été très touché par l'accueil exceptionnel que lui a réservé le peuple algérien. Dès le lendemain de son retour à Paris, il réunit un Conseil des ministres pour faire le point sur sa visite. Premier constat et non des moindres : son séjour algérien a “atteint tous ses objectifs”. Chirac est donc satisfait, comme il l'a d'ailleurs déclaré avant même de quitter le territoire national. Et comme pour donner corps à ses nombreuses promesses d'aider, autant que possible, l'Algérie dans ses différents chantiers économiques, sociaux, politiques et culturels, le chef de l'Etat français n'a pas perdu de temps pour instruire les ministres du gouvernement de Jean-Pierre Raffarin d'assurer “le suivi de la coopération avec l'Algérie”. Un par un, Chirac a demandé à ses ministres de faire, chacun en ce qui le concerne, le point sur l'état des échanges et des actions de coopération de son département avec l'Algérie. Ce sont-là les déclarations faites, hier, par le porte-parole du gouvernement français, Jean-François Copé, à la presse au terme de la réunion de ce premier Conseil des ministres consécutif à la visite de Jacques Chirac en Algérie. Celui-ci ne cache pas sa satisfaction. Immédiatement après un compte-rendu présenté par son ministre des Affaires étrangères, Dominique de Villepin, il lâchera sa sentence que sa visite “a atteint tous ses objectifs”, histoire de donner le ton à une nouvelle perception des “affaires algériennes” par l'Elysée et Matignon. A l'arrivée, Jacques Chirac annonce la tenue d'un Conseil des ministres restreint sur l'Algérie avant l'été. Incontestablement, cette décision est, à la fois, historique et originale, dans la mesure où elle scelle définitivement “la nouvelle alliance algéro-française” et le fameux “partenariat d'exception” dont il a fait état dans son discours tout aussi historique devant les parlementaires algériens au Palais des nations. Il faut reconnaître qu'un Conseil des ministres fût-il restreint, du gouvernement français, pour consacré au contrôle et au suivi de la coopération avec l'Algérie, est une première dans les annales de la coopération internationale. Que l'Algérie soit le seul sujet d'une réunion de cette envergure du gouvernement de l'ancienne puissance coloniale est un signe qui ne trompe pas, un signe très fort sur les nouvelles intentions de la France de rattraper le temps perdu par un geste aussi spectaculaire. A travers sa plaidoirie en Conseil des ministres, M. Chirac adresse un message limpide aux responsables et au peuple algériens : ses propos tenus au Palais des nations mais aussi à l'université d'Oran ne relevaient pas du discours creux, destiné à charmer pour sceller les retrouvailles entre Paris et Alger. Il vient de signifier qu'il fera tout son possible pour concrétiser son projet : accompagner l'Algérie dans sa course au développement et sa quête du bien-être social. Pour une première visite d'Etat à l'ancienne colonie, à laquelle la France a longtemps tourné le dos, Chirac aura réussi là où ses prédécesseurs ont lamentablement échoué : transformer un passé déchirant et gorgé de blessures entre la France et l'Algérie, en œuvrant à la réalisation d'un avenir unifiant plein d'espoir et de confiance. La célérité avec laquelle le président français a pris en charge son “après-visite” témoigne du changement fondamental qui s'est opéré dans les relations qu'entretenaient les deux pays. La confiance et l'amitié semblent avoir maintenant, et plus que jamais, pris le dessus sur la passion et la méfiance réciproque. Les gouvernements des deux pays ont décidé de se mettre au diapason des aspirations de leurs peuples respectifs, et c'est tant mieux ! H. M.