Le mouvement féminin devrait, selon la formation de Saïd Sadi, s'inscrire dans le projet de refondation nationale. “La femme algérienne, entre statut régressif et vécu répressif”. C'est le thème général de la rencontre d'hier, qui a été organisée par le groupe des femmes du Rassemblement pour la culture et la démocratie (RCD), pour commémorer la Journée du 8 mars. Trois secrétaires nationales du RCD, aux côtés de Mme Leïla Aslaoui, juriste, écrivain et ancien ministre, et de Mme Nadia Aït Zaï, avocate et universitaire, ont présenté des communications autour de la problématique féminine. La première intervenante, Mme Aslaoui, a saisi l'occasion pour fustiger le pouvoir politique algérien et le président de la République, qualifiant la création récente de Dar El-Ifta', cette “autorité d'un mufti de dire des fetwas”, de “monstruosité par rapport à la norme juridique”. Elle a parlé d'une volonté politique qui vise, selon elle, “la compromission avec l'islamisme, quand il s'agit de l'école et de la femme”. L'ancien ministre de la Jeunesse et des Sports s'est, en outre, fermement opposée à “l'Etat théocratique qui s'est déjà mis en marche”, appelant à la mobilisation et à l'union. Mme Aït Zaï s'est dit, quant à elle, “toujours optimiste”, insistant sur le fait que “le travail que l'on fait ou que l'on fera servira les générations futures”. Pour cette universitaire, le code de la famille actuel, décrié avant et après sa promulgation en 1984, est “une violence”. Nadia Aït Zaï a, cependant, remarqué qu'en 1959, en pleine colonisation, l'Algérie était dotée de deux décrets qui “ont émancipé la femme musulmane de la tutelle matrimoniale”, rétablissant notamment “le consentement dans le mariage”. Elle a noté aussi que l'avant-projet de code de 1979 était relativement plus avancé que celui de 1984 en déplorant plus loin que les propositions du mouvement associatif, avancées dans la seconde moitié des années 1990, n'aient pas été prises en compte par les dirigeants. L'intervenante a clairement laissé entendre que les “référents” existent pour la réforme du statut juridique de la femme, parce que “nous sommes un pays qui a ratifié les conventions internationales, qui voit l'évolution de la femme algérienne et les transformations sociales”. Et l'avocate de conclure : “Nous demeurons, nous les femmes, un enjeu politique entre les tenants du conservatisme, les islamistes et le pouvoir.” Les autres interventions ont porté sur le mouvement féminin et l'alternative démocratique, la représentation des femmes dans le manuel scolaire et la problématique féminine vue par le RCD. Mme Fariza Slimani, secrétaire nationale à la condition féminine, a rappelé que le mouvement féminin “est né dans l'opposition à l'adoption d'une loi réfractaire à l'égalité des sexes”, relevant que ce même mouvement “a affirmé son existence dans la solidarité et côte à côte avec le Mouvement culturel berbère”. Elle a également souligné que sa formation “fait du projet de société démocratique et moderne son programme et la base de son action”. C'est donc naturellement que le RCD se positionne pour “l'abrogation” du code de la famille. Mme Slimani a plaidé pour l'alternative démocratique dans “ce contexte de régression généralisée”, qui se traduirait par “un projet de refondation nationale”. H. A.