“Si sursaut de l'opposition démocratique il doit y avoir, c'est maintenant ou jamais. Il s'agit de réagir vite et de s'inscrire dans la durée”, a-t-il dit. Le président du RCD, Saïd Sadi, a inauguré, durant ce week-end, un cycle de conventions régionales de son parti, qui s'inscrivait dans le prolongement de la convention nationale organisée le 1er novembre 2002 à Tipasa. Avant de rallier, hier, la ville d'Oran, pour présider la convention régionale de l'Ouest du pays, Saïd Sadi était, jeudi dernier, à la Maison de la culture Mouloud-Mammeri de Tizi Ouzou où il a pris part, aux côtés de nombreux cadres et militants de son parti, à la première convention régionale du Centre qui a réuni un nombre considérable de responsables locaux du RCD des wilayas de Tizi Ouzou, Bouira, Boumerdès, Béjaïa et de Bordj Bou-Arréridj. Dans une salle archicomble où l'on notait la présence de tous les secrétaires nationaux du RCD et le retour d'anciens cadres et militants bien connus du parti, Saïd Sadi a appelé tous ses militants et ses cadres locaux “à l'union et à beaucoup plus de mobilisation pour une réappropriation de l'investissement politique”. En sus de son allocution d'ouverture, le président du RCD devait affirmer que “la désastreuse gestion du séisme du 21 mai, les affrontements qui déchirent le sérail et l'apparition de la peste bubonique à l'Ouest sont les derniers signes qui dévoilent, dramatiquement, le naufrage algérien.” Il martèlera ensuite : “Si sursaut de l'opposition démocratique il doit y avoir, c'est maintenant ou jamais. Il s'agit de réagir vite et de s'inscrire dans la durée.” Saïd Sadi devait ensuite s'étaler longuement sur l'esprit et l'objet des conventions régionales du RCD, prévues à travers tout le pays, “pour permettre, dit-il, d'échanger nos points de vue et d'opérer les mises à niveau politique du collectif militant par le débat interne”. Le président du RCD a fustigé le pouvoir sous les applaudissements nourris de l'assistance, notamment lorsqu'il clamera : “La défaite du régime s'accompagne aussi d'un blocage de la pensée politique qui s'enlise dans un marasme général nourri, à la fois, par les discrédits institutionnels, la misère sociale et le flottement civique. Le changement est inéluctable en Algérie. Il s'agit d'en prévoir les rythmes et les formes, et d'anticiper les conséquences”. Et d'enchaîner énergiquement : “L'opposition démocratique a une occasion historique pour faire valoir ses sacrifices et ses ambitions et il nous reste justement à trouver les meilleures formes d'intervention”. Dans un tel registre, Sadi a ainsi rappelé que “la génération RCD s'est fixée un défi : situer l'action politique dans une vision alternative de fond qui intègre la rigueur politique, l'éthique sociale et l'efficacité du terrain. Sur ce registre, dit-il, le Rassemblement est incontestablement la formation dont la constance et la pertinence des positions ont largement contribué à attirer un débat public éclectique et parasité par la désinformation vers un projet alternatif populaire démocratique et crédible”. Partant de là, Saïd Sadi regrette : “Ces anticipations fondamentales n'ont pas toujours été assimilées pour être bien plus défendues par nos démembrements et structures organiques. De ce fait, le RCD a souvent été dépossédé de ses propres propositions”, a encore martelé le président du RCD qui estime d'ailleurs que son parti “a subi un manque à gagner politique préjudiciable, alors qu'un certain nombre de ses thèmes récupérés et manipulés en sont venus à être banalisés dépréciés ou franchement pervertis. C'est bien connu : en politique la qualité et la crédibilité d'un programme dépendent avant tout de la conviction qui anime celui qui s'en prévaut.” Et pour illustrer un tel constat de “dilapidation” politique, Sadi rappellera que “la laïcité, l'économie de marché, couplés à la justice sociale, la question identitaire, le statut de la femme et les droits de l'homme, les réformes de l'école, de la justice et de l'administration, et la résistance citoyenne ont été annoncés et assumés dans des périodes où l'encadrement national, gagné par la paupérisation, atteint par une répression particulièrement pernicieuse et ciblé par le terrorisme, n'a pu ni participer à la réflexion ni se mobiliser pour ancrer davantage le projet de réfondation nationale”. Enfin, avant de présenter les quatre thèmes des communications que devaient animer Khalfa Mammeri sur “l'état de la nation”, Tarik Mira autour “Des enjeux et des perspectives de l'élection présidentielle de 2004”, puis Hamid Lounaouci à propos de “La crise de Kabylie” et Djamel Ferdjallah sur “La place et les missions du RCD aujourd'hui”, Saïd Sadi devait affirmer que “la conjoncture est favorable à une réappropriation de l'investissement politique original qui a, tout à la fois, contribué à façonner notre identité partisane et à ouvrir des perspectives à la nation dans un environnement fait de confusion et de renoncement. Pour y parvenir, le collectif militant est de nouveau appelé à se saisir du parcours et du discours du Rassemblement pour mieux s'en imprégner. Il est établi que l'on ne défend bien que ce que l'on maîtrise bien”, avait insisté Saïd Sadi qui devait ensuite inviter ses militants à occuper davantage le terrain pour sensibiliser, motiver et mobiliser l'opinion publique républicaine et peser ainsi au plus tôt sur “le destin de la nation”. “Si nous le voulons vraiment nous pouvons bouleverser l'échiquier politique national pour réaliser nos ambitions”, a lancé à l'assistance Saïd Sadi non sans rappeler que le RCD est “le seul parti de l'opposition démocratique à avoir maintenu le cap de notre combat et préservé l'intégrité morale de notre famille politique. S'il nous est arrivé d'avoir été atteints dans notre dignité par les forfaitures de quelques individus, nous avons toujours réagi sans concession et avec honneur”, dira encore Sadi qui devait alors conclure son allocution d'ouverture par un appel solennel au peuple algérien : “Oui, c'est bien notre honneur préservé qui nous autorise maintenant à inviter nos concitoyens à partager avec nous le rêve d'une Algérie de prospérité, de paix et de liberté.” M. H.