La première rencontre de l'Association internationale des autorités anticorruption (AIACA) à Pékin a été l'occasion de lancer la réflexion sur les mécanismes et les instruments “collectifs” à mettre en place pour juguler le phénomène qui menace les économies nationales et, partant, vu son caractère transnational, l'économie mondiale. Pour M. Belaïz, ministre de la justice et représentant de l'Algérie à cette conférence, la communauté internationale ferait “une œuvre civilisationnelle et universelle” en luttant contre ce fléau. L'occasion de samedi dernier a été surtout pour ces acteurs de constater et de faire état des dégâts du phénomène de la corruption, que ce soit au niveau des Etats ou à l'échelle mondiale — situation d'autant plus inquiétante — qu'elle requiert l'intervention de tous les responsables et des acteurs sociaux afin d'y mettre fin. “Il n'est pas utile dans ce cas, et au point où en sont les choses, selon le ministre de la justice, de se contenter de l'état des lieux, de souligner les menaces graves que font peser la corruption et ses pratiques délétères sur le développement durable des sociétés et la stabilité des institutions d'Etat et de revenir sur les effets pervers que la corruption, sous ses multiples formes, produit sur les systèmes financier et économique nationaux et internationaux, hypothéquant ainsi l'avenir de plusieurs générations”, plaçant le dossier dans les urgences des priorités de la communauté internationale qui fit face à un défi. Urgence donc de se mobiliser, institutions, société civile et de tous les moyens à mettre en œuvre rapidement pour contrer ce défi, a souligné M. Belaïz. Les nouveaux instruments à mettre en place viendront en appoint aux différents dispositifs nationaux et internationaux qui s'avèrent, malheureusement, inefficaces à eux seuls devant l'extension du phénomène. “En se dotant d'un instrument de lutte contre ce phénomène, qui vient enrichir le droit international, les Nations unies ont apporté ainsi une réponse à l'attente de la communauté internationale, fortement interpellée par l'extension et la persistance de ce fléau qui affecte malheureusement de plus en plus de sociétés, a souligné M. Belaïz. Le garde des Sceaux a, par ailleurs, rappelé le dispositif mis en place par les autorités algériennes pour mettre un frein à la corruption qui gangrène le pays, l'administration particulièrement, selon les analyses révélées par le ministre. En effet, l'Algérie s'est engagée, en ratifiant la convention onusienne de 2003 contre la corruption, à lutter contre ce phénomène. Mais l'Algérie dispose déjà de cadres et a eu à prendre des initiatives dans ce sens. D'ailleurs, a rappelé M. Belaïz, le président de la République a placé la lutte contre la corruption au centre des préoccupations. Il a relevé qu'il s'agit d'un phénomène assez fortement enraciné dans la société algérienne. L'engagement du président de la République dénote, selon lui, une forte volonté politique. Sur le plan pratique, la criminalisation des délits économiques, les différents dispositifs juridiques de lutte contre le blanchiment d'argent. Cela en plus de la réforme de la justice qui intègre tous ces phénomènes. Parallèlement aux dispositifs juridiques, l'Algérie a essayé avec d'autres moyens de lutter en mettant en place, une première fois, un observatoire contre la corruption au milieu des années 1990. Sans moyens ni compétence d'intervention, le travail de l'observatoire s'est limité à l'élaboration de constats. La seconde étape a vu l'institution d'un comité de lutte contre la corruption et le blanchiment d'argent. Théoriquement, c'est un organe indépendant qui devait être doté de moyens mis à la disposition de personnalités irréprochables. Dans les faits, aucune mission n'a abouti d'autant plus que le phénomène bénéficie du facteur discrétion et silence. Sur le plan international, la lutte contre la corruption n'a jamais été une priorité dans la coopération. Aujourd'hui on passe à un autre stade par la réactivation du comité, mais sous une forme revue pour lui donner plus d'efficacité en le dotant non seulement de moyens matériels, mais aussi d'un dispositif juridique qui lui permettra d'agir. La globalisation des phénomènes induit indubitablement la coopération internationale au risque de voir les projections officielles entre Etats supplantées par la globalisation de toutes sortes de crimes transnationaux. Djilali B.