L'ex-chef de l'exécutif du FIS-dissous à l'étranger, Rabah Kébir, a réuni, lors de sa visite hier à Aïn Defla, des anciens responsables de l'AIS dans un conclave unique en son genre. Après une série de rencontres politiques à Alger faisant suite à son retour d'exil allemand, Kébir, flanqué de Madani Mezrag, ancien “émir” national de l'AIS, s'est rendu à l'Ouest pour une série de contacts qui semblent préparer des échéances politiques d'envergure. D'ailleurs, l'effervescence à Aïn Defla était visible, puisque ce conclave, rallié par plusieurs anciens responsables de l'AIS de M'sila, Médéa, Djelfa, Tipasa, Blida ou Chlef qui, sous les auspices du régional de l'étape, en l'occurrence, Ahmed Benaïcha, organisateur de cette rencontre, a été tenu secret. C'est la première fois que Kébir réunit une flopée d'anciens dirigeants islamistes issus de différentes régions du pays. Une rencontre d'islamistes de l'ex-FIS qui n'a pas eu lieu depuis 15 ans et le fameux congrès de la fidélité organisé par le duo Kébir-Hachani en août 1991 à Batna qui devait déjà préfigurer l'entrée de l'ex-FIS dans les joutes législatives de 1992. Même si les précautions ont été prises pour que cette réunion demeure secrète, aussi bien sur son ordre du jour que sur ses objectifs, la présence de Kébir et sa volonté d'impulser un mouvement politique renouvelé et débarrassé des anciennes têtes de l'ex-FIS, dont principalement le duo Abassi Madani et Ali Benhadj, commencent à prendre forme dans une région profondément marquée par le terrorisme du GIA. En d'autres circonstances, une réunion de ce calibre aurait été suspecte, mais avec la notabilité récente de Kébir, le pouvoir semble vouloir laisser l'ancien leader islamiste aboutir dans sa démarche, du moins lui laisser une marge de manœuvre qui paraît “négociée” initialement. La rencontre que lui a accordée Belkhadem, le SG du FLN, durant des heures au QG du parti à Hydra, avait-elle lancé l'idée d'une alliance politique ? Les observateurs politiques avaient franchi le pas par l'affirmative, et le conclave de Aïn Defla ne peut qu'ajouter de l'eau au moulin à ceux qui considèrent que les anciens de l'ex-FIS/AIS veulent aller en rangs serrés vers les législatives de 2007. Reste à savoir dans quel ordre de bataille ces anciens cadres de l'AIS qui veulent, à l'instar de leur chef, Madani Mezrag, aller à la députation, mais rejetés initialement du FLN, peuvent se prévaloir d'une quelconque alliance politique avec les partis installés, puisque ni le MSP n'est preneur, encore moins le RND, puisque Ouyahia ne veut même pas voir Kébir en peinture. Les enjeux du conclave de Aïn Defla résident dans les propositions que fera Kébir à ses nouveaux alliés et les deals faits à Alger. Son idée de faire “réussir” la réconciliation nationale en contrepartie d'un retour au premier plan politique semble avoir trouvé son point de départ avec cette réunion au sommet d'islamistes à Aïn Defla. Moha B.