Eleveurs de dromadaires depuis les temps reculés, les habitants de la commune de Sidi Aïssa (M'sila) revendiquent, depuis quelques mois, des aides publiques pour relancer leur élevage camelin en net repli. Pour nombre d'habitants de cette localité, une aide publique, à l'instar de celle accordée aux activités agricoles par le Fonds national de régulation et de développement agricole (FNRDA), demeure le seul espoir pour valoriser de nouveau l'élevage camelin entré dès les années 1960 dans une phase de marasme fatal. Jadis, destination préférée des consommateurs de viande et de lait camelins, Sidi Aïssa a perdu aujourd'hui cette réputation avec la disparition progressive de ses troupeaux de chameaux sous les effets conjugués de la sécheresse prolongée des années 1980 et l'érosion massive des parcours qui n'arrivent plus à fournir les étendues indispensables au pacage. Durant les années lustres de cette activité, cette partie du Hodna était un centre d'élevage qui attirait les acheteurs, vendeurs et propriétaires de dromadaires du sud et du centre du pays, se souviennent les anciens éleveurs de Sidi Aïssa. Outre un soutien public “salvateur”, une restriction temporaire de la consommation de viande cameline serait également nécessaire pour favoriser la reproduction des troupeaux sur la base de protection des races locales, indiquent les mêmes spécialistes. Selon le Haut-Commissariat pour le développement des steppes, la wilaya de M'sila compterait actuellement un cheptel de 700 chameaux dont une petite partie à Sidi Aïssa et l'essentiel à Sed el-Jir, Ouled Madhi et Chellal. Durant les cinq dernières années, ce cheptel est resté pratiquement inchangé passant en cinq années de 500 à seulement 700 bêtes. Les éleveurs de Ouled Madhi et Khetoti Sed el-Jir redoutent toutefois que la persistance du rétrécissement ininterrompu des parcours ainsi que le manque d'aliments et de points d'eau ne les poussent à réduire encore plus leurs troupeaux. Le désintérêt pour le lait camelin, qui a fini par perdre son ancienne clientèle, et l'abandon de la fonction de transport du dromadaire constituent aussi d'autres facteurs qui contribuent au recul de cet élevage. Laborieux mais peu rentable, l'élevage camelin ne présente actuellement aucun attrait pour l'émergence d'une nouvelle génération d'éleveurs. Il risque, à défaut d'un effort soutenu de relance, de s'éteindre avec les derniers propriétaires. APS