La situation sécuritaire est jugée par les Annabis de grave. Il ne se passe pas un jour sans que l'on signale des atteintes aux personnes et aux biens. Pour le seul premier trimestre de l'année en cours, près de 400 personnes ayant fait l'objet d'agressions à l'arme blanche à Annaba ont été soignées au niveau des structures du CHU d'Annaba, selon un bilan de la direction générale de cet établissement. La même source a précisé que 107 personnes blessées ont été admises au pavillon des urgences chirurgicales, tandis que 204 autres cas ont reçu des soins ambulatoires. Pour sa part, le pavillon des urgences ORL de l'hôpital Dorban a traité durant la même période 78 personnes également blessées par arme blanche. 1 787 personnes blessées à l'arme blanche ont été enregistrées au courant de l'année 2005 au niveau de ces deux pavillons du Chu d'Annaba contre 1 925 cas en 2004. Ces chiffres effrayants sont corroborés par une récente révélation d'un officier de police qui avance, lui, le chiffre tout aussi effarant de 25 plaintes pour agression ou tentative d'agression enregistrées chaque jour au niveau du commissariat central. Selon notre source, la plupart des cas recensés sont des vols avec violence de téléphones portables et bijoux, notamment. Ainsi Annaba, que certains nostalgiques continuent toujours de l'appeler la Coquette, est devenue une ville à risques. Violence, trafic, scandale, drogue et sexe caractérisent la ville des rives de la Seybouse, qui semble aujourd'hui livrée à elle-même et, plus que jamais, aux groupes de malfrats, dignes de sectes. Les membres de ces groupes, abrutis dans la plupart du temps par la drogue et l'alcool, sont qualifiés par leurs victimes de véritables sauvages. Mieux encore, ces brigands seraient, selon nos sources, chapeautés et dirigés par des universitaires souvent en chômage. Ce qui augure, estime-t-on, des lendemains à haut risque pour la société. Assassinats au pluriel, devant même des adolescents à l'intérieur des établissements éducatifs et des flics en service et en plein jour et au cœur de la ville. Des femmes agressées, traînées à même le sol et délestées de leurs bijoux, hommes braqués sous la menace d'armes puis dépouillés de leur argent, des automobilistes, surtout les chauffeurs de taxi et fraudeurs, rackettés et écorchés souvent de leurs voitures, appartements et locaux commerciaux “visités” et dévalisés, voitures en stationnement “désossées”, rixes quotidiennes à l'arme blanche au niveau des artères les plus commerçantes de la ville, alors que la prostitution et la prise de la drogue ont atteint des proportions alarmantes. Tout cela se passe souvent en plein jour et la liste est longue encore. Un peu trop longue pour la troisième ville d'Algérie qu'est Annaba. D'ailleurs, “Annaba la Coquette n'est plus que l'ombre d'elle-même. Négligée par ses habitants et surtout par ceux qui ont à charge de l'entretenir et de veiller sur elle, la ville s'enlaidit chaque jour un peu plus. À un point tel qu'aujourd'hui nous avons honte ma famille et moi d'inviter nos amis à venir y passer des vacances…” Ce constat amer est fait par un “beldi”. Un “Bônois” dont l'arrière-grand-père est né et a grandi dans la médina. Et c'est l'avis malheureusement de la majorité des Annabis interrogés, à ce sujet. Mais la population locale avait aussi une part de responsabilité dans cette situation, car l'indifférence des uns et la peur des autres n'ont fait qu'encourager ces bandits. Pour s'enquérir de la gravité de la situation, il suffit de faire un tour dans la soirée au niveau de certains quartiers, voire même sur l'esplanade du cours de la Révolution, où l'on peut constater à chaque coin sombre de la rue, des jeunes et des moins, souvent des SDF, s'adonner à la consommation des stupéfiants et autres psychotropes dans une totale quiétude. Pour beaucoup de citoyens, l'urgence, aujourd'hui, est de trouver une solution avant que ce phénomène ne devienne incontrôlable. B. BADIS