Les nombreuses agressions caractérisées dont ils ont fait l'objet ont atteint des proportions alarmantes. D'ailleurs, ces derniers mois, la peur a gagné la totalité des stations de taxis. Braqués en cours de route par des malfrats prêts même à tuer, les chauffeurs de taxi n'ont d'autre choix, dans tous les cas de figure, que de remettre la recette du jour, sinon les clés des véhicules aux agresseurs noctambules. Plus d'une trentaine de chauffeurs de taxis ont été victimes d'agressions perpétrées par leurs «clients», au cours des quatre derniers mois. Ainsi, pour les mois de janvier et février 2002, six chauffeurs de taxis (4 de Annaba et 2 des wilayas limitrophes) ont été agressés et délestés de leurs argent et véhicules dans les environs de Annaba, selon des sources autorisées. «Deux jeunes bien habillés m'ont demandé de les ramener à Sidi Amar. Avant d'arriver à cette localité, ils m'ont braqué avec leur couteau et m'ont sommé de leur remettre tout l'argent qui était en ma possession. J'ai dû céder par peur d'être égorgé», a déclaré la semaine passée M.Abdeldjalal, chauffeur de taxi âgé d'une cinquantaine d'années, délesté de son véhicule au début de ce mois près de l'université de Sidi Achour. Récemment, un autre chauffeur de taxi, en service à bord de son véhicule, une Peugeot 505, a été agressé devant tout le monde par deux jeunes malfaiteurs en plein jour à la cité Les Orangers de la plaine Ouest. La victime a été arrêtée par les deux agresseurs qui lui ont demandé de les amener au centre-ville. Dès qu'ils ont pris place, l'un près du chauffeur et l'autre à l'arrière, les deux malfaiteurs sont passés immédiatement à l'action. Celui de l'arrière assène alors des coups à la nuque du chauffeur avant de lui mettre un couteau de boucher sous la gorge, tandis que son acolyte le déleste de son argent. Fort heureusement pour le chauffeur, de jeunes garçons du quartier présents à cet endroit ont vu la scène. Leur intervention courageuse a permis, non seulement, de sauver le chauffeur de taxi, mais également d'arrêter les agresseurs et de les livrer aux éléments de la police de l'arrondissement le plus proche. De nos jours, l'insécurité inquiète à plus d'un titre la population annabie. Les vols par effraction, à la roulotte, à la tire (pickpockets) ou autres délits et atteintes aux biens sont devenus, à Annaba, monnaie courante. D'ailleurs, le bilan établi par la police judiciaire de la sûreté de wilaya de Annaba, pour l'année 2001, dans ce sens, et qui vient justement confirmer ce constat, est des plus sombres et édifiants. A titre d'exemple, le bilan indique que la voie publique est devenue le lieu par excellence des pickpockets et autres vols et l'on note, dans ce contexte, 1.551 infractions. Pis encore, si l'on se réfère à la même source, trois personnes sont victimes quotidiennement de coups et blessures volontaires, soit 967 délits sur ascendants ont été signalés durant l'année écoulée. Plus grave encore, 5.169 personnes ont fait l'objet d'agressions physiques dites ordinaires. Côté cambriolage, un local commercial est «visité» tous les deux jours par des bandes de malfaiteurs, indique le bilan dressé par la police judiciaire. De même que les spécialistes du vol à la roulotte ont été dénoncés 1.750 fois, soit une moyenne de 4 vols/jour. Enfin, 72 vols ont été déclarés à l'intérieur des maisons, dont 51 par escalade, durant l'année écoulée. Actuellement, à Annaba, rares sont les couples qui se risquent à s'absenter plus d'une journée et laisser leur habitation, devenir la cible des cambrioleurs.