Ils sont de 30 nationalités différentes à vouloir transiter par l'Algérie pour rejoindre l'Europe. L'immigration clandestine en Algérie est difficile à cerner, le nombre d'interpellations et de refoulements sont les seuls indices d'une tendance à la hausse. La police des frontières révèle une moyenne de 8 000 immigrants clandestins refoulés par an, de plusieurs nationalités, et notamment asiatiques. “Nous avons comptabilisé 30 nationalités, des Camerounais, des Ivoiriens, des Maliens, des Sénégalais, des Indiens, des Philippins et même des Bangladais. La majorité des immigrants interpellés sont des candidats à l'immigration européenne ou bien des refoulés du Maroc”, déclare Mohamed Naoui Sifi, commissaire principal de la police des frontières terrestres. Il précise que le plus important c'est de démanteler les réseaux de l'immigration clandestine car des milliers de candidats à l'immigration sont victimes de passeurs qui ciblent en particulier les jeunes dans les zones en guerre et les pays pauvres de l'Afrique subsaharienne, sachant que les candidats à l'immigration payent des centaines, voire des milliers de dollars pour être conduits jusqu'aux portes de l'Europe. Les passeurs les plus malhonnêtes laissent parfois leurs “clients” en plein désert, ou sont embarqués dans des véhicules de fortune pour une dangereuse traversée qui s'achève souvent en drame. Les tentatives d'accès à Ceuta et Melilla se sont souvent soldées par la mort de migrants. Dans le même contexte, M. Sifi nous dira qu'un réseau de transports d'immigrants, composé de 30 personnes de différentes nationalités, dont des Algériens, a été démantelé, il y a quelque mois, par les éléments de la Sûreté de wilaya de Tamanrasset. Notre interlocuteur précise que ces réseaux de passeurs sont une véritable industrie composée de transporteurs, de logeurs, d'employeurs, de trafiquants de papiers…, un véritable plan international. “Arrivés chez nous, les clandestins sont pris en charge”, précise le commissaire principal. Il faut savoir que la police des frontières terrestres recense près de 600 cas de trafic de papiers par an, notamment passeports, visas, cartes de séjour ou de résidence. C'est dans ce sens qu'un projet de décret portant sur la création d'un office national de lutte contre l'immigration clandestine a été proposé aux autorités concernées. Ce texte, élaboré il y a quelques mois par la direction de la police des frontières (PAF), a pour objectif le démantèlement des réseaux d'immigrants. À ce jour, les missions des différents intervenants, dont la Sûreté et la Gendarmerie nationales, se limitent à l'interpellation des clandestins. En l'absence de stratégie nationale de lutte, les refoulements aux frontières sont perçus comme l'unique voie de recours. Cependant, face au flux de plus en plus important des ressortissants étrangers, notamment d'Afrique subsaharienne et d'Asie, la mise en place d'un plan de prévention dans le cadre d'une politique centralisée est devenue impérative. L'office, qui devra voir le jour à la suite de la mise en œuvre du décret, chapeautera 11 brigades régionales qui seront implantées dans chacune des wilayas frontalières. “En ce moment, le projet est encore à l'état embryonnaire. Nous avons commencé par lancer des petites brigades dans certaines wilayas, notamment Tamanrasset”, indique notre interlocuteur. Il faut savoir également qu'un projet de loi de lutte contre l'immigration clandestine est en étude. “Nous travaillons sur l'ordonnance 66-211 du 21.07.66, relative à la gestion des étrangers sur le territoire national. Il faut une loi dissuasive et répressive contre les filiales de l'immigration clandestine”, poursuit-il. Actuellement, l'Algérie est devenue un pays de transit pour les candidats à l'immigration vers l'Europe qui n'ont aucun mal à trouver du travail au noir sur des chantiers. Néanmoins, beaucoup parmi eux préfèrent poursuivre l'aventure et font tout pour traverser la Méditerranée. Le prix du passage étant coûteux, certains versent dans le trafic de stupéfiants. Pour ce qui est des immigrants clandestins d'origine asiatique, la police des frontières a recensé près de 100 candidats dont la majorité est d'origine indienne, bengali, philippine et chinoise. Ils sont spécialistes du trafic de papiers d'identité. N. A.