Le secret a été levé hier. Le président de la République a évoqué, pour la première fois, son état de santé, tout en assurant que sa maladie relève du passé. Il a fait cette révélation qui sonne comme un démenti aux spéculations et supputations sur ses absences remarquées imputées à la dégradation de sa santé, cela malgré les déclarations officielles pour rectifier les informations rapportées par la presse. Depuis son hospitalisation en urgence à l'hôpital militaire de Val-de-Grâce, à Paris, le 5 décembre 2005 jusqu'à sa sortie et son contrôle, le président Bouteflika n'a jamais parlé de sa santé ; devenue alors une sorte de tabou, un secret bien gardé, mais qui a nourri toute sorte d'hypothèses et de pronostics. Aussi tout événement est rattaché à la santé du Président. Il aura donc fallu la question d'un journaliste pour qu'il réponde d'une manière à lever toute suspicion ou équivoque. “J'ai été malade, j'ai été très malade, je m'en suis sorti de manière absolument fabuleuse”, a répondu le Président. Il reconnaît ainsi, implicitement, qu'il ne s'agit pas d'une simple maladie et que son opération et son traitement ont été lourds. Ce qui explique aussi sa seconde hospitalisation de trois jours pour “un contrôle de routine”, post-opératoire, au mois d'avril dernier. La franchise avec laquelle a répondu le Président dénote de son assurance que le mal est écarté. “Vous faites toute une tartine de ce qui n'existe pas”, dit-il en guise de réponse à tout ce qui a été écrit, particulièrement ces dernières semaines sur lui. “Il faut cesser de parler de ma santé, je suis un homme absolument comme tout le monde. Il est tout à fait clair que lorsque j'aurai des problèmes de santé, je rentrerai chez moi définitivement”, a-t-il invité les journalistes, et plus largement par ce biais, les politiques, notamment ceux qui ont tablé sur son incapacité à aller jusqu'au bout de son mandat. L'assurance vaut aussi pour le gouvernement qui a connu un long moment de flottement, “un moment de panique” qui a provoqué une sorte de blocage institutionnel. D'où le retard remarqué dans plusieurs secteurs. C'était tellement remarquable que le Président a dû lui-même “vérifier” cela en consacrant des auditions de ses ministres. Par ailleurs, le message s'adresse aussi à tous ses détracteurs, tous ceux qui l'accusent de vouloir se maintenir au pouvoir malgré sa maladie. Aussi a-t-il repris le fameux “je rentre chez moi” en cas d'incapacité à terminer son mandat. Désintéressé ? Possible, puisque cette affirmation renvoie directement à la révision de la Constitution, principalement à ses motifs qui ne seraient donc pas liés à un troisième mandat comme il a été suggéré. En définitive, le président Bouteflika a levé les craintes qui couvaient depuis son hospitalisation avec en prime une précision sur ses ambitions. Cela d'autant qu'elles sont aujourd'hui conditionnées par son état de santé. Djilali B.