Résumé : Karima remet une somme d'argent à Youcef pour voir les médecins et les avocats. Elle visite aussi la remise et constate que Youcef l'a bien aménagée. Il se tait un moment et reprend. - Que pourrais-je demander de plus à la providence, que de me faire rencontrer une femme aussi formidable que toi Karima. Elle esquisse un sourire. - Je ne suis pas aussi formidable que ça, j'ai mes défauts moi aussi. - Ils sont minables par rapport à tes qualités. - Je suis une grande inconsciente aussi. - Pourquoi dis-tu cela ? - J'ai fait le mauvais choix pour mon mariage et j'ai raté ma vie. Youcef s'approche d'elle et s'assoit à même le sol devant le lit. - Moi, je ne comprends pas une chose Karima. Pourquoi t'entêtes-tu à rester avec cet homme ? Karima pousse un long soupir. - Je n'ai plus personne au monde où presque. Je ne sais pas vers qui me tourner. Et même l'ancienne maison familiale me paraît vide et lugubre. Elle me rappelle aussi de profonds souvenirs. Alors, il profite de mes faiblesses et me fait chanter. Mon mari me demande de choisir entre le divorce et ses escapades permanentes. - Tu veux dire ses maîtresses ? Karima hoche tristement la tête. - Mais je crois que je ne vais pas tarder à prendre une décision. Il faut que j'agisse très vite avant de me laisser encore aller aux hésitations, surtout depuis que j'ai appris qu'il ne s'encombre plus de scrupules pour ramener de temps à autre ses conquêtes à la maison et utiliser ma propre chambre à coucher. - Il ose faire ça, ce monstre ? Tu en es certaine ? - Oui. Je l'ai découvert récemment. J'ai un album de photos qui comporte des souvenirs de mon mariage. Cette album, je le gardais dans le tiroir de ma commode, et dernièrement, je l'ai retrouvé au grenier. Salah a dû le cacher là afin que “ses femmes” ne le découvrent pas. Qu'elles ne sachent pas qu'il est marié… ou qui je suis. Je ne sais pas moi. Ah ! si j'avais encore mes parents. Des larmes ruisselaient sur ses joues. Elle ne peut s'empêcher d'éclater en sanglots et tomber dans les bras de Youcef qui la serre contre lui. Karima pleura ce soir-là toutes les larmes de son corps, et Youcef, comprenant sa tristesse et son désarroi, la laissa soulager momentanément son trop plein d'amertume. Calmée, elle ne peut se dégager des bras puissants du jeune homme. Elle sent la chaleur de son corps. Cela faisait longtemps qu'elle n'avait pas connu un tel moment de béatitude. Il la serre davantage contre lui et lui caresse le dos dans un élan de protection. - Je suis là, Karima, plus rien ne pourra t'arriver. Là, calme-toi. Elle relève la tête et se dégage, puis le regarde dans les yeux. Elle lut sa sincérité. Youcef remarque son regard mouillé, noyé dans un flot de larmes et prêt à déborder. Elle se tend un peu plus vers l'avant et écrase ses lèvres contre les siennes, Youcef se met à l'embrasser. Nullement gênée, Karima se sent transportée vers les cimes du bonheur. Elle décolle vers les hauteurs de l'infini et sent le sol se dérober sous ses pieds, puis des bras puissants la retiennent. Y. H. (À suivre)