Résumé : Karima s'est rendue chez un avocat, un vieil ami de son père en qui elle a confiance, et lui a tout raconté au sujet de Youcef. Youcef pousse un soupir. - C'est une bonne chose, mais pourra-t-il trouver des preuves ? - Oui, je le pense, mais tu devrais te mettre en contact avec tes médecins traitants le plus tôt possible et lui remettre les certificats médicaux attestant de ta santé mentale. - Oui, dès demain, je les appellerai. - Tiens, prend ça. - Qu'est-ce que c'est ? demande Youcef en regardant curieusement les billets que Karima lui tend. - C'est une somme d'argent pour t'aider dans tes démarches. Prend-les comme une avance sur ton salaire et ne me regarde pas ainsi. Ton regard insistant me fait mal au yeux. Youcef s'exclame : - Je n'ai pas travaillé une semaine chez vous et vous me proposez déjà une avance sur salaire et… - Considère cet argent comme une aide de ma part, veux-tu ? Et arrête tes balivernes car je ne pourrais supporter davantage… - Mais, je ne pourrai… - Si, tu le peux. Salah m'a remis un peu d'argent ce matin. J'ai décidé de le partager avec toi. Avec quoi vas-tu te déplacer jusqu'en ville pour voir tes médecins et l'avocat ? Et puis, il faut payer tous ces gens. - Je sais, mais d'ici là, espérons que j'aurais récupéré mes biens. - Eh bien d'ici là, on verra. Peut-être me rembourseras-tu avec des intérêts ? ajoute-t-elle malicieusement avec un sourire qui démentait ses propos. Youcef lui prend la main et l'embrasse. - Qu'aurais-je fait sans toi Karima ? Son ton surprend la jeune femme. C'était la première fois depuis leur rencontre qu'il la tutoyait et l'appelait par son prénom. Curieusement, ce rapprochement lui plût, et elle y prend même un certain plaisir. On dirait qu'une barrière venait d'être abattue. Comme pour dissimuler son embarras, elle se lève et demande à Youcef d'aller à la remise. - Montre-moi donc ce que tu as fais pour t'installer dans ce cagibi ? Le jeune homme l'aide à descendre les quelques marches, et ils se dirigent vers l'arrière de la maison. Youcef tire sur le rideau en métal de la remise et actionne l'interrupteur. Karima pénètre alors à l'intérieur et constate que la pièce luisait de propreté. Le lit de camp était dressé contre un mur et une vieille bâche pliée en quatre servait de cousin, tandis que la vieille couverture que la jeune femme lui avait donné quelques jours plus tôt était posée dessus. Une caisse renversée servait de table de nuit et Youcef y avait déposé son briquet et ses cigarettes. - Hum… Pas mal pour un début, lance Karima en s'asseyant sur le lit. Mais tu aurais dû me le dire plus tôt je t'aurais donné quelques meubles plus décents. C'est ce qui était prévu, non ? - Oui, mais cela me suffit largement pour le moment. J'ai un lit et je mange à ma faim. Que pourrais-je demander de plus à la providence ? Y. H. (À suivre)