Le Comité international de la Croix-Rouge (CICR) n'est pas un étranger à notre pays ; il dispose même d'un bureau à Alger depuis 2002. Il est également en relation directe avec le Croissant-Rouge algérien depuis 1998, à travers notamment le soutien aux “femmes et enfants victimes de la violence”, la formation de moniteurs et l'information-diffusion. De plus, un accord a été signé en 1999 entre les autorités algériennes et le CICR pour permettre à celui-ci de visiter les “personnes détenues” dans les prisons et, depuis 2002, de se rendre dans “les lieux de garde à vue”, sous la responsabilité de la police et de la gendarmerie. Aujourd'hui, le CICR a élargi son espace d'intervention dans le monde, offrant ses services en cas de catastrophes naturelles (séisme, tsunami, etc.) et disposant d'une “diplomatie humanitaire” dans différents pays et aux Nations unies. Malgré cela et en dépit de l'implantation de ses 80 délégations (ou bureaux) dans tous les continents, il n'est toujours pas présent dans des pays maghrébins (Maroc, Mauritanie et Libye), encore moins dans les territoires du Sahara occidental occupés par le royaume chérifien depuis trois décennies. “Le monde est devenu de plus en plus compliqué, voire subtil, pour nous. Il y a de plus en plus d'acteurs impliqués dans les conflits. Cette situation appelle le CICR à s'adapter”, a déclaré hier Jean-Luc Noverraz, le chef de la délégation du Comité international de la Croix-Rouge à Alger, lors du séminaire destiné aux médias algériens, qui s'est tenu au Centre de thalassothérapie de Sidi-Fredj. Profitant de la rencontre consacrée à la compréhension du droit international, le responsable a indiqué : “La presse peut faire énormément pour nous… de façon positive ou de façon négative.” Très à cheval sur le caractère “confidentiel et neutre” de son organisme, M. Noverraz a, cependant, admis que le financement du CICR provient des Etats signataires des conventions de Genève, de privés et de grands bailleurs comme les USA et l'Union européenne. Il s'est refusé à tout commentaire sur les pressions exercées ou pouvant être exercées par les gros bailleurs de fonds, de même que sur les défaillances en matière d'application du droit international en général et du droit international humanitaire (DIH) en particulier. Si ce n'est de reconnaître qu'il existe “une autre manière de gérer un rapport de forces” et que la “force” du CICR est dans “le dialogue et la discussion”. De son côté, le chargé de la communication, Sadri Bentchkou, a fait savoir que la “naissance conventionnelle” du DIH date de 1864, bien que ce droit soit plus ancien en tant que “droit de la guerre” pour l'Egypte ancienne ou la Grèce antique, révélant plus loin : “Il revient à l'Emir Abdelkader d'avoir fixé des règles pour le respect des prisonniers dans son décret de 1843.” Ce juriste a, par ailleurs, abordé la partie réservée à la protection des journalistes dans le DIH, insistant sur le fait qu'un correspondant de guerre, contrairement au journaliste indépendant (statut de civil), bénéficie du “statut de prisonnier de guerre” s'il est capturé. Au cours du débat, les participants sont restés sur leur faim : au-delà de la vulgarisation des dispositions du DIH, le professionnel de l'information a certainement besoin de comparer les idées reçues avec l'actualité brûlante du terrain, tant nationale, régionale que mondiale, à la lumière du rapport de forces du moment. Au nom des principes de confidentialité et de neutralité, les questions relatives à l'application et à l'instrumentalisation du DIH sont restées sans réponse lors du séminaire de Sidi-Fredj… H. Ameyar