RESUME : Daya rentre de l'école en pleurs. Elle raconte à sa maman comment un garçon prend un malin plaisir à se moquer d'elle. Aïcha promet à sa fille que son père rendra visite à sa maîtresse. Daya a vite fait d'oublier sa peine et sort jouer dehors. Aïcha a beaucoup de chance. En plus d'avoir un mari aimant, elle ne vit plus avec ses beaux-parents. Lorsque Mohand rentre, elle l'accueille chaleureusement. Mohand sort un cahier et des couleurs. Daya qui rêve de dessiner et de colorier saute de joie. Elle embrasse son père et sa mère avant de sortir dans la cour. Elle se met à dessiner sous leurs regards heureux. Aïcha débarrasse son mari de sa veste. - Tu veux du café ? lui propose-t-elle. - Non, j'en ai assez pris dehors, répond-il. Comment s'est passée la journée ? - Bien. J'ai attendu votre retour avec impatience. Vous me manquiez ! - J'avais hâte de rentrer à la maison. Daya, tu veux un bonbon ? L'enfant refuse. Elle continue de dessiner. Aïcha se rappelle sa promesse. - Il y a un garçon qui l'embête, lui dit-elle. Elle est rentrée en pleurs tout à l'heure. Pourrais-tu te rendre à l'école pour le gronder ? Je crois que seule une grande personne pourrait le raisonner. - Demain, Inch Allah, je m'y rendrais pendant les cours pour être sûr de ne pas le rater ! Mohand met au courant Daya. Celle-ci a levé la tête de son dessin, un court instant. - C'est vrai ? - Demain, je viendrais, promet-il. Comment s'appelle-t-il ? - Kamel M. - Il n'est pas du village, dit Mohand. Je comprends pourquoi il est associable. Sa famille est connue pour ses bagarres. Ce ne sont pas des gens fréquentables. - Penses-tu qu'ils t'en voudront si tu attrapes leur enfant ? s'inquiète Aïcha. Crois-tu qu'ils s'en prendront à toi ? - Non, je ne crois pas, répond Mohand, rassurant. Je ne veux pas laisser ce garçon tyranniser notre fille ! - Oui, c'est une enfant sage et tranquille, dit Aïcha. Je ne voudrais pas qu'elle ait peur de retourner à l'école. Je voudrais qu'elle aille loin dans ses études.Daya n'a que huit ans et elle a des projets pour elle. Elle souhaite la voir devenir maîtresse d'école ou sage-femme. Au village, les rares filles à aller à l'école n'ont pas été plus loin que la quatrième. Même si certaines avaient le BEM et passaient au lycée, leurs familles n'avaient pas les moyens de les envoyer à l'internat. Car, le lycée est en ville et la ville est à plus de soixante kilomètres. En plus du trousseau, il y a les frais de transports. Aïcha s'est mise à tricoter des pulls et des bonnets et les remettait à son mari le jour de marché. Elle gagnait ainsi un peu d'argent qu'elle mettait de côté pour plus tard. Elle tient à envoyer sa fille au lycée. Elle souhaite que personne ne vienne contrarier les projets d'avenir de sa fille. Le lendemain comme promis, Mohand se rend à l'école et parle à la maîtresse d'école. Cette dernière promet de punir le garçon et de garder un œil sur Daya. Mohand repart à son travail, rassuré. Le problème aurait pu être résolu si l'enfant en question n'était pas rancunier. Une fois en dehors de l'école, en fin de journée, il s'en prend de nouveau à Daya et lorsque Mohand l'aperçoit en train de lui tirer les cheveux, il court après lui. Kamel a pris ses jambes à son cou, tout en criant. Mohand prend sa fille dans les bras et le suit jusqu'à une vieille maison, à quelques pâtés de l'école. L'enfant n'a pas cessé de crier. Une fois la porte refermée, Mohand peut entendre ses cris. Il pose Daya et lui demande de l'attendre. Il se dirige vers la maison, décidé à avoir une conversation avec ses parents ou l'oncle chez qui il vit durant sa scolarité. Il n'a pas encore atteint la porte que celle-ci s'ouvre brusquement. Un homme sort, une hache à la main. Mohand est figé par la surprise. Il recule. - Viens, dit l'homme à l'enfant. Viens me montrer celui qui a osé s'en prendre à toi ! N'aie pas peur ! L'enfant sort dehors et se cache derrière lui. Il lève le doigt vers Mohand qui se demande s'il avait bien fait de le suivre. Car, apparemment, ce qui se disait sur la famille de l'enfant n'était pas exagéré. Ils ne communiquaient avec les autres qu'à coups de gueule et de poings. Quand ce n'est pas avec une arme blanche… - Tu oses le poursuivre jusqu'ici ! crie l'homme. Pour qui te prends-tu d'effrayer un enfant de huit ans ? - Je ne lui ai rien fait, répond Mohand. Je l'ai surpris en train de maltraiter ma fille et il a paniqué en me voyant ! Je voulais parler à son père pour lui demander de le gronder ! Ce n'est pas bien ce qu'il fait à ma fille. Chaque jour, il l'embête à l'école ! L'homme rit tout en jouant avec sa hache. Mohand recule, craignant d'être blessé. A. K. (À suivre)