Résumé de la 1re partie n Ensorcelée par ses belles-sœurs, Aïcha, qui semble enceinte, est enterrée vivante par ses frères. «Les œufs de serpent qu'elles lui ont fait manger ont produit sept serpents dans son ventre. Ces serpents ont grandi et le ventre de la jeune fille a pris du volume. Pour l'en délivrer, tu égorgeras un mouton ; tu le feras rôtir en le saupoudrant de beaucoup de sel. Ensuite, sers-le à la jeune fille en lui interdisant de toucher à l'eau. Elle mangera et elle aura très soif. Alors, tu la pendras au plafond par les pieds et, juste sous sa tête, tu disposeras une cuvette remplie d'eau. Prends un bâton et fais du bruit dans la cuvette. Le clapotis ne manquera pas d'attirer les reptiles, eux aussi assoiffés à cause du sel. lIs sortiront par la bouche de la jeune fille, l'un après l'autre, et tu n'auras qu'à les assommer avec ton bâton.» De retour chez lui, l'homme mit en pratique les conseils du sage, et la jeune fille fut libérée des serpents. Elle retrouva la sveltesse de sa taille et l'homme la prit pour épouse. Aïcha donna naissance à un magnifique garçon qu'elle prénomma Hab-Hab-Roumman tant ses joues avaient l'éclat des grenades mûres. Hab-Hab-Roumman grandit et commença à jouer avec les autres garçons du village. Un jour, il rentra à la maison, les yeux embués de larmes. Sa mère s'enquit avec sollicitude des motifs de son chagrin. L'enfant se mit à pleurer et dit : «Les enfants se sont moqués de moi parce que je n'ai pas d'oncle maternel comme eux. Pourquoi je n'ai pas d'oncle maternel comme eux tous ?» Au souvenir de ses frères, qui naguère la chérissaient tant, Aïcha poussa un profond soupir de tristesse. Puis, pour consoler son fils, elle lui fit le récit de ses malheurs passés. En apprenant qu'il avait sept oncles maternels, l'enfant fut transporté de bonheur. Il supplia sa mère et son père de le conduire auprès de ses oncles sans plus tarder tant il avait hâte de les connaître. Alors Aïcha, qui souffrait infiniment d'être séparée de ses frères, dit : «Dès demain, nous irons retrouver tes oncles, mon fils. Mais comme ils me supposent morte, nous nous annoncerons en étrangers réclamant l'hospitalité pour la nuit. Car il nous faudra sonder leurs cœurs avant de nous faire connaître. Aussi, mon fils, quand la veillée commencera, pose ta tête sur mon genou et demande-moi de te raconter une histoire pour te préparer au sommeil. Alors, je te raconterai la mienne en l'attribuant à une pauvre femme inconnue. Si tes oncles sont affectés par mon récit et manifestent quelque compassion pour la malheureuse victime, je leur dirai qui je suis réellement ; mais, s'ils restent de pierre, nous repartirons chez nous sans rien dire.» (à suivre...)