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De Gaulle, les USA et l'indépendance de l'Algérie
Nouvelles révélations d'un historien américain
Publié dans Liberté le 26 - 11 - 2006

L'universitaire Irwin Wall veut étudier la guerre d'Algérie dans sa dimension internationale. La conduite de ce conflit s'inscrit dans le contexte de la guerre froide et du vaste mouvement d'émancipation des peuples colonisés.
Un spécialiste des relations franco-américaines vient de publier un livre sur la guerre d'Algérie qui tord le cou à bien d'idées reçues en France, où l'indépendance est attribuée à une volonté de Charles de Gaulle, convaincu de cette inéluctable option. Ce qui vaut au général, appelé en 1958 au secours de la IVe République, d'être crédité d'une certaine lucidité.
Après avoir enquêté dans les archives de plusieurs pays, Irwin
M. Wall, universitaire connu, conclut que le général fut en réalité contraint par les Etats-Unis à la négociation avec le FLN. Les Etats-Unis, qui cessent de soutenir la IVe République en raison de son incapacité à résoudre la crise algérienne, accueillent favorablement l'arrivée au pouvoir du général.
Mais, souligne Irwin Wall, de Gaulle ne se résout qu'en 1959 à l'indépendance de l'Algérie, tout en cherchant à la maintenir étroitement associée à la France. Pour lui, comme pour ses prédécesseurs, l'influence de la France en Algérie, et plus largement en Afrique du Nord, déterminerait sa puissance : elle lui conférerait une position de leadership au sein de la Communauté européenne, lui donnant ainsi l'accès à un directoire à trois avec la Grande-Bretagne et les Etats-Unis. Dans cette perspective “eurafricaine”, l'indépendance algérienne s'avère non pas un succès, mais un échec pour le général, qui se verra contraint de changer de politique étrangère après 1962. Ces points de vue seront certainement discutés, mais le traitement que fait Irwin Wall de l'abondante documentation qu'il a réunie emporte la conviction. Dans son ouvrage intitulé France, the United States, and the Algerian War, et dont la traduction en français vient de paraître à Paris, l'universitaire veut étudier la guerre d'Algérie dans sa dimension internationale. La conduite de ce conflit s'inscrit dans le contexte de la guerre froide et du vaste mouvement d'émancipation des peuples colonisés.
Cependant, l'auteur considère que le problème crucial est celui des relations entre la France et les Etats-Unis qui permettraient d'expliquer, à la fois, les grandes orientations de la politique algérienne de la France et les changements majeurs survenus dans les affaires intérieures de la métropole, en particulier la chute de la IVe République.
Fondant sa recherche sur le dépouillement d'une abondante documentation diplomatique relatant les relations entre les Etats-Unis et la France, mais aussi le FLN, la Tunisie et le Maroc, l'auteur suit les développements de la diplomatie américaine et leurs conséquences sur la politique française dans le cadre d'une démarche principalement chronologique. Dès le premier chapitre intitulé “The United States and the Algerian War” (Les Etats-Unis et la guerre d'Algérie), Irwin M. Wall tente d'expliquer ce qu'il analyse comme le retournement de l'attitude de Washington à l'égard du régime de la IVe République, qui avait pourtant bénéficié d'un soutien sans faille depuis 1947. En 1958, les Etats-Unis auraient tout fait pour saper les bases de la Quatrième. L'auteur considère que c'est la question algérienne qui explique cette évolution. Dès ses origines, les dirigeants américains ne se sont pas montrés hostiles à la révolution algérienne, dans la mesure où elle était susceptible d'engendrer un régime qui ne soit pas communiste. Dans ce cadre, la diplomatie initiée par le président Eisenhower et le secrétaire d'Etat John Foster Dulles a cherché à développer un dialogue à la fois avec le FLN et le gouvernement français. Les Etats-Unis sont partagés entre l'alliance avec la France et le souci de soigner leurs relations avec les peuples du Tiers-monde, de manière à empêcher l'Afrique du Nord de tomber sous le joug soviétique. L'instabilité parlementaire inhérente au régime empêche cependant Washington d'établir un dialogue effectif avec les autorités parisiennes, tout comme elle ôtait à tout éventuel gouvernement, animé par des conceptions libérales, le pouvoir d'accorder l'indépendance à l'Algérie contre l'hostilité d'une assemblée nationale qui n'y était pas prête. Ainsi, quand Douglas Dillon, ambassadeur des Etats-Unis en France, rencontre en avril-mai 1955 le président du conseil, Edgar Faure, et son ministre des Affaires étrangères, Antoine Pinay, ces derniers lui demandent de soutenir la France sur la question algérienne, dans la mesure où elle mène une politique “libérale” à l'égard du Maroc et de la Tunisie. Les Français considèrent que la révolution algérienne est un enjeu crucial dans la lutte de l'OTAN contre le communisme international. De fait, à la fin de l'année 1956, la majeure partie des troupes françaises est déployée au sud de la Méditerranée, au détriment des positions de l'OTAN.
Sur le plan international, de Gaulle se prononce auprès de ses alliés pour un directoire des trois grandes puissances, associant la France, la Grande-Bretagne et les Etats-Unis au sein de l'OTAN, qui reconnaîtrait l'hégémonie de la France sur l'Eurafrique. Une fois encore, l'ensemble de la politique diplomatique de la France vise à conserver l'Algérie française, qui constitue une pièce maîtresse du dispositif français en Afrique du Nord, ainsi que les bases militaires comme Bizerte. La France reconnaît l'indépendance du Maroc et de la Tunisie, mais voudrait contrôler leur politique de défense. L'auteur présente le discours du 16 septembre 1959 sur l'autodétermination comme la conséquence directe de son échec à rallier les Etats-Unis aux principes géopolitiques évoqués ci-dessus.
Néanmoins, le président de la République n'aurait pas, après cette date, abandonné sa volonté d'associer étroitement le destin de l'Algérie à celui de la France, dans un cadre qualifié par Wall de “néo-colonial”. Wall pense que de Gaulle a tout fait, dès l'origine et presque jusqu'au bout, pour conserver l'Algérie française. Selon lui, de Gaulle a tenu trop de propos contradictoires pour qu'on puisse en tenir compte dans l'analyse de ses intentions, comme l'ont pourtant fait de nombreux historiens, à l'instar de Jean Lacouture. Le plan Challe, au niveau militaire, et son corollaire en matière économique, le plan de Constantine, n'auraient eu pour seul objectif que de maintenir la souveraineté française en Algérie. Finalement, c'est le danger de l'élection à la présidence de J. F. Kennedy qui, en tant que sénateur, avait dès 1957 pris fermement position contre la politique algérienne de la France, qui condamne de Gaulle à accorder l'indépendance. Si les Etats-Unis avaient pris fait et cause pour le FLN, les Français n'auraient pas pu continuer la guerre, l'isolement français aurait été complet, et toute coopération avec les Etats-Unis dans le domaine militaire aurait été impossible. Le Maroc et la Tunisie menacent de faire transiter sur leur sol des armes soviétiques à destination du FLN. En somme, la France risque un isolement diplomatique total, alors même que sur le terrain militaire la guerre est gagnée. Dans son dernier chapitre, “La paix”, l'auteur enfonce le clou en dénonçant le choix fait par de Gaulle de laisser pourrir la situation algérienne en retardant contre toute raison la signature de la paix, cherchant en vain à promouvoir une force musulmane algérienne capable de constituer une alternative au FLN, et se rendant ainsi responsable, à la fois, des excès de l'OAS et du sort des harkis.
L'auteur insiste davantage sur ce point que sur les ressources pétrolifères du Sahara et l'intérêt de ce désert pour les essais nucléaires français ; l'essentiel semble être pour lui la volonté française de faire prévaloir la pérennité du colonialisme français sous la forme de l'association. Fort de ces affirmations, l'auteur dénonce le statut de saint qui a été accordé au général par “une récente historiographie semi-officielle française”.
L'auteur critique donc la politique française. En revanche, il n'évoque pas les ambitions d'une diplomatie américaine dotée, selon lui, de pouvoirs presque absolus sur le devenir des affaires françaises. Rendant compte du livre dans son édition de jeudi, le quotidien Le Figaro trouve séduisante la démarche de son auteur. Pourtant, il ne croit pas que le général ait songé à un maintien éternel de la France de l'autre côté de la Méditerranée.
N. Sebti


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