Le Comité national de lutte contre le sida va solliciter le secteur privé pour l'aide technique et financière. La situation des personnes porteuses du sida s'est nettement améliorée depuis 1998, puisque le taux de mortalité est passé de 100% à 9%, en moins d'une décennie. Elle demeure tout de même préoccupante dans notre pays en raison, notamment de l'exclusion, par la société, de cette catégorie de malades. “Le problème du sida est un problème mondial qui concerne non seulement les gouvernements, mais aussi toutes les sociétés”, a commenté, hier, le président du Comité national de lutte contre le sida (CNLS), le Pr Abdelwahab Dif, en déplorant la non-implication d'organismes comme par exemple le Croissant-Rouge algérien ou même des œuvres de bienfaisance. Rencontré, hier, en marge des travaux du séminaire sur la prévention de Sidi Fredj, ce dernier a reconnu que la société algérienne “est sans pitié” avec les porteurs du sida, allant jusqu'à les stigmatiser et les culpabiliser. Pourtant, outre la prostitution, la drogue, la délinquance, le phénomène de l'immigration et la précarité, “l'un des facteurs qui contribue le plus au développement du sida est l'ignorance”. Interrogé sur le bilan de l'année en cours, le Pr Dif a révélé que 740 cas de sida et 2 092 séropositifs ont été pris en charge du 1er janvier au 31 septembre 2006, dans les 7 centres, à Alger (2 centres), Oran, Constantine, Annaba, Sétif et Tamanrasset. Le bilan fait ressortir, selon notre interlocuteur, une répartition presque égale entre les hommes (339 cas) et les femmes (336 cas) et 7 sidéens de nationalité étrangère, de même que “quelques dizaines d'enfants séropositifs”. “Le traitement et le suivi biologique sont pris en charge par l'Etat ; ils sont donc gratuits dans les 7 centres, mais ils ne suffisent pas, car il y a défaillance sur les plans psychologique et social”, a-t-il souligné. Puis de noter que les malades, “souvent rejetés” par leur employeur, leur propre famille et leur voisinage, “se trouvent dans une situation de précarité, voire dramatique”. Le responsable du CNLS a aussi apporté d'autres précisions chiffrées, rappelant que sur 1 470 personnes qui se sont présentées cette année dans les centres de dépistage, mis en place par le ministère de la Santé, 14 sont des séropositifs. M. Dif a aussi mis en avant la stratégie des pouvoirs publics relative au développement du dépistage. “Un séropositif est contagieux, mais nous ne pouvons le savoir que s'il se présente volontairement dans un des 54 centres de dépistage”, a-t-il soutenu, non sans insister sur le travail d'information, de sensibilisation et d'explication qui reste tributaire du regard que porte la société sur le phénomène du sida. Qu'en est-il de la recherche ? C'est surtout dans le domaine thérapeutique que les recherches ont le plus avancé, avec la mise sur le marché de 13 molécules bénéfiques aux malades. “Les 13 molécules sont très chères ; nous attendons la baisse des prix pour les acheter”, a indiqué le Pr Dif, puis d'informer que son comité “compte intégrer le secteur privé médical et même économique pour l'aide technique et financière”. H. Ameyar