L'enquête menée par les douanes auprès des services du Trésor a révélé que ces Syriens n'ont jamais alimenté le compte du Trésor pour la constitution de leur société. Dans le lot des infractions, on retrouve essentiellement le transfert illicite de capitaux vers l'étranger, détention illégale de marchandise, faux et usage de faux, détournement de la marchandise de sa destination initiale, ainsi que l'importation sur la base d'un faux registre du commerce. C'est un dossier lourd de quelque 2 000 milliards de centimes, soit 20 milliards de dinars représentant le montant du contentieux dressé par les douanes à l'encontre de ce qu'il est convenu d'appeler au sein de cette institution “la filière syrienne”. Selon nos sources, ce chiffre au regard du préjudice causé au Trésor public est appelé à croître “puisque les estimations sont toujours en cours”. En fait, ce sont, au total, pas moins de 30 sociétés ou pseudos sociétés syriennes qui activent en Algérie sous le couvert du régime de l'investissement en obtenant tous les avantages Andi, elles “se lancent ensuite dans des opérations douteuses liées exclusivement à l'import-import à coup de centaines de milliers de dollars qui représentent en réalité un flux énorme de fuite de capitaux et de transferts illicites de devises au détriment des réserves de change du pays”. Plus grave encore, plusieurs de ces sociétés activent avec des registres du commerce prohibés dans la mesure où la libération au profit du Trésor public des deux milliards de centimes représentant la capital social, seuil minimum obligatoire pour les sociétés d'importation, n'a jamais été libéré. Autrement dit, elles activent avec un faux registre. L'enquête menée par les douanes auprès des services du Trésor a révélé que ces Syriens n'ont jamais alimenté le compte du Trésor pour la constitution de leur société. Dans le lot des infractions relevées par l'enquête douanière, on retrouve essentiellement, le transfert illicite de capitaux vers l'étranger, détention illégale de marchandise, faux et usage de faux, détournement de la marchandise de sa destination initiale, ainsi que l'importation sur la base d'un faux registre du commerce. Dans leur quasi-majorité, ces sociétés travaillent dans les textiles et l'habillement. À ce titre, plusieurs dépôts de plainte ont été introduits par les services des douanes à l'encontre de ces opérateurs durant l'année 2006 en indiquant “cependant que certains gérants et associés de ces sociétés ont réussi à prendre la fuite de manière mystérieuse étant entendu que leurs passeports avaient été préalablement saisis par les douanes qui les avaient remis à la justice”. Ont-ils quitté le territoire national par un autre moyen ou autre document de voyage établi pour la circonstance ? La question reste posée, d'autant que l'enquête effectuée par le service de la lutte contre la fraude relevant de la direction des douanes d'Alger Extérieur de Dar El-Beïda a connu “beaucoup de difficultés, voire d'intimidations et autres pressions”. Les investigations sont parties sur la base “de vérifications et contrôles de routine sur les avantages Andi délivrés aux entreprises. L'attention des douaniers a été attirée par le nombre de sociétés syriennes bénéficiaires de ces avantages. Tout est parti de là”. Poursuivant leurs recherches, les douanes atterriront au quartier de Baba Hassen, à une dizaine de kilomètres d'Alger, où “elles trouveront ces investisseurs dans des villas louées et sans qu'aucune enseigne ne soit visible pour renseigner sur leur commerce”. Aux lieux et place d'investissement et de machines qui tournent, “on découvrira des dépôts de tissus et autres produits destinés exclusivement à la revente en l'état”. Plusieurs sociétés cohabitent dans les mêmes locaux, les mêmes hangars où “il n'y a ni machine ni rien. D'ailleurs, les gens dorment dans ces locaux”. Les douaniers ont également découvert des changements d'adresse dans les registres, des modifications dans les statuts permutant les responsabilités des gérants et autres associés. Suite à quoi les douaniers interrogent les services de l'Andi sur “l'octroi des avantages à des sociétés qui ne disposent d'aucune assiette”. Alertée, l'institution chargée de la promotion des investissements procédera, selon nos sources, à l'annulation de ces décisions d'avantages sur la base des rapports établis par les douaniers. Il faut savoir que ces Syriens incriminés procédaient à l'importation de machines et autres équipements vétustes pour ne pas dire “des épaves”. Ces équipements servaient pour les besoins d'un investissement alibi devant justifier un transfert en devises sans omettre de surévaluer ledit équipement qui, dans la plupart des cas, n'a aucune valeur marchande et sera en définitive destiné à alimenter le marché de la ferraille. La preuve en a été donnée dans les environs de Blida et Zéralda où les douaniers trouveront en guise d'investissement de vieilles machines que “leur propriétaire syrien a emmurées pour les dissimuler”. C'est ainsi que la piste du transfert illicite de capitaux a été privilégiée dans l'enquête. Dans la majorité des locaux contrôlés par les douanes, on retrouvera des locaux vides avec rideaux baissés, le soi-disant investisseur ayant changé d'adresse. Mais s'il est nécessaire d'encourager les investissements sans discrimination dans l'octroi des avantages, il est aussi important de contrôler les flux et les opérations sans discrimination. ABDELKRIM WAHIB