La plupart des sociétés syriennes exerçant en Algérie ne sont pas blâmables. C'est le point de vue officiel de la Syrie, défendu par son ambassade à Alger. Selon la chancellerie, l'existence d'opérateurs syriens “nuisibles” ne saurait “jeter l'anathème sur tous les Syriens”. Dans une déclaration parvenue à la rédaction, l'ambassade de Syrie précise, en effet, que “des dizaines d'entreprises syriennes travaillent en Algérie honnêtement et avec sérieux”, dans le respect des lois nationales. Certaines d'entre elles auraient même un chiffre d'affaires annuel dépassant les 100 millions de dollars. Les représentants de l'Etat syrien reconnaissent cependant que “certains comportements irresponsables”, émanant d'une minorité de personnes, nuisent d'abord à la Syrie, mais ne pourront influer en aucun cas sur les relations bilatérales. “Nous considérons que les relations algéro-syriennes sont stratégiques, fortes et privilégiées, qu'il y a des perspectives pour une coopération économique fructueuse”, indiquent-ils dans leur déclaration, en énonçant plus loin : “Nous faisons confiance à l'Algérie pour poursuivre les contrevenants.” La sortie de l'ambassade de Syrie à Alger intervient au lendemain de la publication par Liberté des résultats d'une enquête menée par les douanes auprès des services du Trésor public. Une enquête qui a mis en exergue l'implication de 30 sociétés syriennes, exerçant dans notre pays sous le couvert du régime de l'investissement, dans “des opérations douteuses liées exclusivement à l'import-import à coup de centaines de milliers de dollars”. Les investigations des services des douanes ont conclu que les Syriens mis en cause n'ont jamais alimenté le compte du Trésor public pour la constitution de leur société. Le contentieux financier s'élève à plus de 2 000 milliards de centimes (plus de 20 milliards de dinars). Pis, l'enquête en question a établi que la “filière syrienne” travaillant essentiellement dans le textile et l'habillement, s'est également rendue coupable d'autres infractions. Il s'agit notamment du transfert illicite des capitaux vers l'étranger, de la détention illégale de marchandise, du faux et usage de faux, du détournement de la marchandise de sa destination initiale, ainsi que de l'importation sur la base d'un faux registre du commerce. Le service de la lutte contre la fraude relevant de la direction des douanes d'Alger a, par ailleurs, révélé avoir introduit, durant l'année en cours, plusieurs dépôts de plaintes contre ces opérateurs. Il a déploré la fuite de “certains gérants et associés de ces sociétés” de “manière mystérieuse, étant entendu que leurs passeports avaient été préalablement saisis par les douanes qui les avaient remis à la justice”. H. Ameyar