Après avoir subi un contrôle médical de circonstance, le pilote fut acheminé à bord d'une ambulance vers Constantine. Il sera transféré vers l'aéroport civil Mohamed Boudiaf dans l'attente d'un vol spécial qui devra le ramener en France. La paisible dechra de Hamchir-Torkia II, cette localité rurale de la wilaya de Oum El-Bouaghi, est sortie hier de l'anonymat. À notre arrivée sur les lieux, aux environs de 17 heures, une foule nombreuse venue des localités proches et aussi des wilayas limitrophes étaient déjà sur place, qui pour avoir des nouvelles, qui pour voir de près les restes de l'appareil de l'armée de l'air française. La foule est retenue à distance par un imposant périmètre de sécurité dressé par les gendarmes assistés par les gardes communaux. Des militaires faisaient aussi partie du dispositif. Hamchir-Torkia II, distante de 78 km de Constantine, est située à 1 km du chef-lieu de la commune (mairie), Hamchir-Domghani est à 7 km du chef-lieu de daïra (sous-préfecture). Ses habitants étaient hier ébahis, aussi bien par les faits qui venaient de se dérouler que par l'importance que venait d'acquérir leur village l'espace d'un événement. Selon des témoins oculaires, tout a commencé aux environs de 12h quand un sourd bruit a déchiré le ciel au-dessus du paisible village de Hamchir-Torkia II. Quelques instants après, les villageois stupéfiés ont assisté sans broncher au crash du monoplace de l'armée française. Un villageois, les yeux dans le vide, tenait à nous raconter la scène dont il fut témoin : “Un bruit de tonnerre m'a fait sortir. C'est comme si le ciel nous tombait dessus. Une minute… non trois minutes après, je suppose, j'ai vu un petit avion d'où se dégageait une fumée qui passait au-dessus de nous. Avant que l'appareil ne s'écrase, le pilote a sauté. Juste ici.” Cette version des faits est sur toutes les lèvres. En effet, le pilote, après avoir orienté la trajectoire de son appareil vers un terrain nu, s'est éjecté. L'aéronef est allé piquer son nez, fort heureusement, loin des habitations. L'unique pilote du mirage a pu atteindre à l'aide de son parachute et sans difficulté le sol. La scène rendue apocalyptique à cause du vacarme produit et par l'appareil en détresse et par la fumée qui s'est dégagée a provoqué, l'espace d'un quart d'heure, la panique au sein des villageois. Une fois les secours sur les lieux, ils ont pris en charge aussi bien le pilote qu'une dizaine d'habitants, notamment des femmes sous le choc. Après avoir subi un contrôle médical de circonstance, le pilote fut acheminé à bord d'une ambulance vers Constantine. Il sera transféré vers l'aéroport civil Mohamed-Boudiaf dans l'attente d'un vol spécial qui devrait le ramener en France. À 18h30, le pilote du chasseur de l'armée de l'air française était toujours au salon d'honneur de l'aéroport de la capitale de l'Est algérien, situé sur le plateau de Aïn El-Bey. Selon une source sûre, que nous avons pu approcher sur les lieux de l'accident, la région survolée par l'aéronef de l'armée de l'air française est un couloir aérien emprunté par les aéronefs allant du Sud vers le Nord. C'est cette ligne balisée que suivait le mirage F1 avec trois autres appareils du même type et un avion ravitailleur avant de s'écraser. Pour rappel, l'ANP dispose elle aussi, à quelques encablures des lieux de l'accident, d'un aéroport pour les chasseurs de l'armée de l'air. Hier, au moment où nous mettons sous presse, les services de sécurité étaient toujours sur les lieux de l'accident où un périmètre de sécurité a été dressé autour des restes de l'appareil, éparpillés entre le nouveau tracé de la ligne du chemin de fer Aïn Mlila-Tébessa et un pâté de maisons. M. K./N. B.