Il est 17h, en ce début de mois de juillet, lorsque le vol en provenance de Mulhouse, prévu pour 15 heures, atterrit sur le tarmac de l'aéroport Mohamed-Boudiaf de Constantine. La mine défaite par la fatigue, Zineb, la quarantaine entamée, tente tant bien que mal de pousser son chariot. Accompagnée de son petit garçon, âgé à peine d'une dizaine d'années, elle cherche des yeux sa sœur qui l'attendait à la sortie. Elle devrait pourtant jubiler à l'idée de retrouver les siens. Mais c'est loin d'être le cas. Comme beaucoup d'autres Algériens établis à l'étranger, Zineb a réservé son billet plusieurs mois à l'avance, rêvant de vacances bien méritées au pays, ne se doutant pas que, comme à l'accoutumée, cela n'allait pas être facile. Ce fut pour elle un véritable parcours du combattant. Son billet en poche, elle devra quitter la ville de Mulhouse pour Bâle, en Suisse, afin de pouvoir embarquer pour Constantine. Après 20 minutes, elle arrive à l'aérogare où certains voyageurs, raconte notre interlocutrice, commençaient déjà à s'impatienter en apprenant que le vol qui devait les ramener en Algérie est retardé, sans qu'aucune indication ni explication soit donnée aux voyageurs. “Notre vol devait atterrir à 15 heures, mais ce ne fut pas le cas”, soupire Zineb au moment où son beau-frère revenait avec un taxi qui devait les conduire à la gare routière pour continuer sur Tébessa. Nombreux sont, en effet, ceux qui habitent dans les wilayas limitrophes, à des centaines de kilomètres pour certains, de l'aéroport de Constantine. Ils viennent de Tébessa, de Batna, de Skikda ou encore d'Oum El-Bouaghi. Mohamed Salah est originaire de cette dernière localité. “Ma fille vient de Lyon et son vol a déjà une demi-heure de retard”, lance-t-il. Cet état de fait serait “tout à fait normal” si sa cadette ne venait pas d'accoucher d'un petit garçon, il y a seulement un mois. Le fait qu'elle voyage seule avec ses deux autres enfants l'inquiète. “J'ignore les raisons de ce retard mais je m'inquiète pour ma fille. J'ai demandé à entrer dans le hall des arrivées pour pouvoir l'accueillir, mais ma requête a été rejetée.” Cette directive émanait de la direction lors d'un briefing qui se tenait, à ce moment-là, à quelques mètres de l'endroit où l'on se trouvait. “Aucune personne, quelle que soit la raison, ne doit pénétrer dans cette zone… maârifa ou pas”, nous a confirmé un officier de la PAF rencontré sur les lieux. Une décision qui intervient, selon notre interlocuteur, dans le cadre du dispositif mis en place, comme chaque année, pour la saison estivale. Fouille corporelle, inspection minutieuse des bagages… tout y passe dans un aéroport bondé. Des personnes venues, pour la majorité, des quatre coins de France. En fait, si l'on parle ce jour-là de durcissement, c'est que, quelque part, on admet qu'il y a un certain relâchement à certains moments, pour ne pas dire au profit de certaines “connaissances”. Le dernier trimestre, les juges de Constantine ont traité une série de scandales qui ont eu pour théâtre l'aéroport de la ville. Si certains sont dépités, d'autres, par contre, gardent l'espoir que la nouvelle aérogare soit livrée à temps, avant la fin de l'année 2008. Mitoyenne de l'actuel aéroport Mohamed-Boudiaf, cette nouvelle infrastructure recevra, une fois réceptionnée, près de 2 millions de passagers, selon les responsables du bureau d'études chargé de la réalisation. Le coût de l'opération est de 1,3 milliard de dinars. En attendant, aussi bien le cadre que les conditions d'accueil ne favorisent pas la fidélisation de notre émigration à retourner, l'espace des vacances, au pays pour dépenser, au bonheur des économies locales. Lynda Nacer