Avec le rajeunissement de l'encadrement du parti, c'est la ligne Benflis qui sera confortée, en attendant l'élection présidentielle de 2004. Veillée d'armes au FLN. Le comité central du parti se réunit, aujourd'hui, à l'hôtel Le Mouflon d'Or, à Alger, pour adopter les avant-projets des statuts, du programme et de la résolution de politique générale. Mais c'est demain que débuteront, en fait, les choses sérieuses. Le VIIIe congrès de la formation de Ali Benflis s'annonce décisif, et pour l'avenir du parti lui-même et pour celui de son secrétaire général. Si tous les responsables du FLN ne cessent d'affirmer que le rendez-vous de demain n'a pas inscrit à son ordre du jour l'élection présidentielle d'avril 2004, il est évident cependant que cette échéance électorale occupe tous les esprits si elle ne constitue pas déjà l'enjeu principal de ces assises. Loin d'être une simple kermesse politique où les dignitaires du vieux parti solliciteront, une énième fois, la caution de la base militante, le congrès, qui entamera ses travaux demain à l'hôtel El-Aurassi, est une aubaine pour que l'une ou l'autre des tendances qui traversent le FLN impose ses options et ses choix politiques. A ce niveau, Ali Benflis semble bien parti pour gagner la bataille. Une source proche de son entourage persiste et signe : “Sa ligne n'est pas seulement dominante mais hégémonique.” C'est vrai que, dès sa prise de commandes, en septembre 2002, l'actuel Chef du gouvernement a procédé à un large rajeunissement de l'encadrement des structures du parti. Contrairement à ceux qui sont appelés communément “la vieille garde”, Ali Benflis, dit-on çà et là, veut coller aux réalités du pays et préparer sa formation “aux enjeux de demain”. Du coup, les caciques, dont la plupart voudraient que le FLN demeure un instrument aux mains d'appétits du pouvoir, se retrouvent d'abord en décalage avec la nouvelle ligne tracée par le secrétaire général, ensuite avec la base “sur laquelle ils n'ont aucune prise depuis bien longtemps”. Les Hadjar, Abdellah El-Hadj, Bessaïah, Saïdani et consorts, qui seraient favorables, aujourd'hui, à un autre soutien du FLN à la seconde candidature de Abdelaziz Bouteflika, sont acculés à un rôle de spectateurs dans un congrès que les partisans de l'autonomie du parti par rapport aux influences externes ont cousu de fil blanc. En fait, la tendance dans l'entourage de Benflis est à une candidature de celui-ci à la prochaine élection présidentielle. Il n'est pas question, pour ses soutiens, que le FLN, new look, qui est sorti vainqueur des dernières législatives et locales, offre ses services à un candidat extra-parti. Selon notre source, “il serait antidémocratique de solliciter l'adhésion d'un peuple à un projet ou à un programme politique et, quelque temps après, on lui tourne le dos et on fuit ses responsabilités”. Ce sont ces objectifs qui animent aujourd'hui la volonté et les ambitions du personnel rajeuni du FLN. Et ce sont ces idées qui, annonce-t-on dans l'entourage du parti, seront confortées demain par les congressistes choisis par la base. Cette dernière, ajoute notre source, a même émis “la proposition de voir le secrétaire général élu par le congrès et non par le comité central comme cela se pratique dans tous les partis démocratiques à travers le monde”. “C'est cela aussi la culture démocratique”, indique-t-on encore. En effet, pour les militants, Ali Benflis, qui a conduit leur formation à plusieurs victoires électorales, est “l'homme de la situation”. Le FLN lui doit son retour sur la scène. Cependant, les aléas de la politique peuvent en décider autrement. Le congrès du vieux parti est loin d'être un rendez-vous ordinaire, seulement du fait de sa tenue à une année de l'élection présidentielle. L'enjeu est de taille pour qu'il passe sous silence. S. R.