Le parti majoritaire au Parlement s'attache à doter son candidat de tous les outils d'un présidentiable. Tous les responsables du FLN se sont donné le mot : il ne faut jamais évoquer l'échéance de 2004 dans le cadre du congrès du parti prévu pour la fin du premier semestre en cours. Il n'y est question à l'ordre du jour, s'obstinent-ils à affirmer, que de deux points : les statuts et le programme. Ali Benflis, son secrétaire général, ne cesse de le répéter à chaque fois que la presse le sollicite sur ce chapitre. C'est vrai, à voir l'emploi du temps du FLN, tout porte à le croire. Mais le hasard fait des fois bien les choses en ce sens que le congrès de la formation majoritaire au Parlement intervient à une année de l'élection présidentielle. Si la coïncidence n'avait pas été aussi généreuse en matière de calendrier, les responsables du FLN l'auraient inventée. Il est alors impensable qu'à une année de son déroulement, le scrutin présidentiel ne préoccupe pas à ce point les partis politiques, à commencer par celui de Ali Benflis qui s'est adjugé la majorité de l'électorat lors des échéances électorales des mois de mai et d'octobre derniers. Même si elle est diluée dans la révision des statuts, la question de la magistrature suprême sera, donc, bel et bien à l'ordre du jour du congrès du Front de libération nationale. Ce sont les résultats des débats sur la révision des textes fondamentaux du parti qui définiront si le candidat à la prochaine élection présidentielle sera choisi par le comité central ou par une autre structure. L'enjeu est de taille. L'occulter serait cacher le soleil avec un tamis. La seule question qui reste, toutefois, posée, est celle relative à une éventuelle candidature de Ali Benflis. Depuis quelque temps, le secrétaire général du FLN qui, au demeurant, très conforté par le soutien du candidat le plus fort du pays, I'UGTA, est annoncé comme celui qui succédera à Abdelaziz Bouteflika. L'homme n'a jamais tenté de faire taire les supputations. Et tout dans son comportement ne dément pas les intentions que lui prêtent plusieurs articles parus dans la presse nationale et étrangère ces dernières semaines. Mieux, lorsque le Chef du gouvernement est sollicité pour s'exprimer sur le sujet, il met en garde contre une campagne électorale anticipée. “Quel intérêt y a-t-il à engager le pays dans une campagne électorale anticipée, alors qu'il a tant besoin de sérénité et de consacrer son énergie, toute son énergie, aux tâches du développement social et économique”, s'interrogeait Ali Benflis dans un discours prononcé récemment devant les mouhafadhs du parti. Le FLN, qui intensifie ses activités à la veille de son congrès décisif, semble, en effet, lui tresser des lauriers. Si son secrétaire général insiste sur son programme politique et exige de ses responsables de veiller aux engagements pris lors des dernières élections, ce n'est pas pour rien. “Il est souhaité et espéré du congrès qu'il fasse entrer notre parti dans l'ère de la gestion moderne et qu'il le dote d'un programme politique à la mesure des défis qu'affronte notre pays et des profondes transformations que connaît notre société”, disait, avant-hier, le numéro un du FLN à l'adresse des présidents d'APW et d'APC. Un programme, souligne-t-il encore, “qui apporte des réponses appropriées aux enjeux qui se posent à notre pays sous l'emprise de la globalisation, des progrès technologiques, de la révolution numérique et du monde unipolaire”. C'est, en fait, tout un projet. A la mesure de l'ambition de l'homme. Un homme que le président de la commission de suivi des élus du parti et néanmoins président de l'Assemblée nationale, Karim Younès, a comblé d'éloges, lors de son discours de clôture du séminaire national de formation organisé ce samedi à l'hôtel Le Mouflon d'Or d'Alger. C'est lui qui, dira-t-il, est à l'origine “du renouveau du FLN en le dotant d'une nouvelle méthode de travail et d'un programme ambitieux”. En somme, tout est fait pour que le “professeur” soit du moins un véritable présidentiable. S. R.