Plus de 300 exploitants libres des stations-service ont été réunis, hier, au cours d'une assemblée générale à Blida, dans laquelle ils ont voté à main levée, en présence d'un huissier de justice, un moratoire d'un mois avant le déclenchement d'une grève de 15 jours. Mais, qu'en est-il de cette affaire qui a drainé des vieux et des vieilles de plus de 90 ans à raconter leurs déboires dans cette assemblée ? Selon les responsables de cette fédération, c'est un quiproquo sur la question de la propriété de ces stations-service qui est à l'origine de ce bras de fer déclenché entre les gérants libres et l'entreprise Naftal qui agit comme le principal propriétaire de ces stations-service. Les responsables de cette fédération, qui compte plus de 400 gérants libres à travers le territoire national, dénoncent le chantage et l'agissement irresponsable des responsables de l'entreprise Naftal qui hypothèquent l'alimention du carburant de ces stations-service par la signature du contrat. “Nous refusons la signature du contrat dans sa forme et dans son fond”, a déclaré M. Abdelhamid Ayouas, porte-parole de cette fédération. Selon lui, ce contrat ne porte aucune garantie de pérennité à l'exploitant. De ce fait, les représentants demandent à revoir l'appellation du contrat par convention et surtout revoir l'article 28 du contrat qui stipule qu'en cas de décès du gérant de la station, les ayants droit ne peuvent prendre la succession. Les membres de la fédération posent aussi le problème de propriété des stations dont certains les gèrent depuis plus de 50 ans. Dans une lettre adressée au président de la République, les représentants de cette fédération lui demandent d'intervenir dans cette affaire et soulignent le droit à être privilégié au cas où il s'agirait de cession des biens de l'Etat. Selon M. Abdelhamid Ayouas, cette lettre n'a pas été du goût des responsables de l'entreprise Naftal qui, depuis, affichent “leur chantage” aux gérants des stations-service en expédiant des mises en demeure et des ultimatums pour signer le contrat avant le 31 de ce mois. “Personne ne pourra me chasser de ma station”, explique une femme, la cinquantaine, venue de Jijel exposer son cas. “Nous sommes les esclaves de Naftal”, ajoutent d' autres gérants de Sidi Bel-Abbès et de Chlef, qui condamnent les agissements des responsables de Naftal qui, selon eux, les ont privés, pour certaines stations-service, de plus de 10 jours de carburant pour forcer les exploitants à signer le contrat. Dans cette assemblée, les représentants ont affiché leur colère quant à l'augmentation de 30% sur les lubrifiants par Naftal qui n'accorde aucune augmentation dans la marge bénéficiaire des exploitants dont le chiffre d'affaires a augmenté. Dans ce moratoire, les gérants libres ont invité les responsables de l'entreprise Naftal de cesser les intimidations à leur égard, et les harcèlements. Par ailleurs, il est demandé au ministère de l'Energie et des Mines une certaine neutralité et même objectivité, car la position du ministère est trop partiale ; il est proposé également au ministère des Finances de surseoir aux régularisations, en cours et à venir, demandées par Naftal, et de procéder aux examens de reconsidération de régularisation déjà effectuée et leur invalidation. K. FAWZI