Encerclés par les manifestants, Fouad Sinora et nombre de ses ministres n'ont plus quitté leurs bureaux du sérail depuis le début du sit-in de l'opposition le 1er décembre dernier, alors que le secrétaire de la Ligue arabe est à Beyrouth dans l'espoir de débloquer la situation. Répondant au nouvel appel du chef du Hezbollah, plusieurs centaines de milliers de personnes ont envahi dimanche après-midi le centre de Beyrouth pour exiger le départ du gouvernement de Fouad Siniora. Par mesure de sécurité, 20 000 soldats avaient été déployés dans la capitale libanaise, notamment autour des deux places du centre de la capitale vers lesquelles convergeaient la foule venant de toutes les régions du pays, et aux abords du palais du gouvernement devant lequel des milliers de manifestants campent jour et nuit depuis le 1er décembre. Par vagues successives, scandant “Le changement arrive”, une foule de partisans de l'opposition a déferlé, pour la deuxième fois en dix jours, dans le centre de Beyrouth pour réclamer la chute du gouvernement. Aux cris de “Siniora dehors”, les manifestants agitaient le drapeau libanais rouge et blanc, mais aussi la couleur orange du chef du mouvement chrétien du général Michel Aoun, et des drapeaux jaunes du Hezbollah ou verts d'Amal, l'autre grand mouvement chiite. Mettant à profit la manifestation, Michel Aoun annoncera : “Dans les prochains jours, l'opposition formera un gouvernement de transition, si un cabinet d'entente nationale n'est pas mis sur pied pour remplacer celui de Siniora, désormais illégitime.” Selon la presse locale, l'opposition compte passer à une forme de protestation, comme le blocage des administrations, de l'aéroport de Beyrouth et de routes principales. Au même moment où Beyrouth était submergée par la marée humaine des opposants au gouvernement, une manifestation progouvernementale, réunissant plusieurs autres centaines de milliers de personnes, se déroulait à Tripoli, deuxième ville du pays à dominante sunnite. Le député Saâd Hariri, fils de l'ex-Premier ministre Rafic Hariri, tué dans un attentat en février 2005, s'est adressé depuis Beyrouth à une foule réunie sur la vaste place de la Foire pour soutenir le gouvernement Siniora. “Le Liban ne repassera plus sous la tutelle de la Syrie”, a-t-il dit. Dans l'espoir de trouver une issue à cette confrontation, le secrétaire général de la Ligue arabe, Amr Moussa, est attendu aujourd'hui dans la capitale libanaise, après l'annonce de l'acceptation par le chef du Hezbollah libanais de propositions de sortie de crise présentées par l'organisation panarabe, selon une source gouvernementale libanaise. Le Soudanais Moustapha Ismaïl, envoyé spécial au Liban du secrétaire général de la Ligue arabe, Amr Moussa, a déclaré avoir obtenu “l'accord de principe” du chef de Hezbollah aux propositions de l'organisation panarabe. À Riyad, un responsable arabe avait affirmé auparavant que le chef du Hezbollah avait accepté des propositions de la Ligue arabe pour sortir le Liban de la crise politique. K. ABDELKAMEL