Alger et Paris veulent amplifier les échanges et la coopération économique en incitant la présence et les investissements des entreprises françaises sur le territoire national. Les industries agroalimentaires, automobiles et pharmaceutiques ainsi que la modernisation du secteur financier sont les premiers axes stratégiques concernés. Si les échanges commerciaux bilatéraux ont augmenté de “plus de 70%” entre 2004 et 2005, “des marges de progrès immenses” existent pour Thierry Breton, le ministre français de l'Economie, des Finances et de l'Industrie. Alger et Paris sont “déterminés”, a précisé le ministre français au cours d'une conférence de presse à la résidence de l'ambassadeur de France, à “se donner les moyens” d'avoir une “grande coopération”. Les deux capitales ont d'ailleurs convenu d'accélérer et de renforcer leur partenariat économique, notamment sur l'investissement, le transfert technologique et de savoir ainsi que la formation. Ce dernier ne cachera pas la volonté de la France d'accroître sa présence en Algérie. “Nous souhaitons voir s'amplifier de manière significative les investissements français en Algérie. Nous sommes décidés à ce que notre coopération se développe sur le long terme”, a déclaré le ministre français. Ceci s'inscrit dans le cadre du “partenariat d'exception” initié et se veut entre autres “la démonstration concrète de ce que nous voulons faire dans le contexte d'amitié entre nos deux pays”, dira Thierry Breton. Une “feuille de route” a été tracée, hier, entre Mourad Medelci et Thierry Breton, dans la matinée, à la résidence Djenane El-Mithaq, à l'occasion de la séance inaugurale du Comité de partenariat et de développement, instance ministérielle de suivi des échanges et de la coopération. Le ministre des Finances s'est félicité du niveau de coopération institutionnelle atteint par les deux pays. Le ministre français de l'Economie a réitéré la “volonté commune d'inciter les grandes, petites et moyennes entreprises à se développer et à investir en Algérie”. L'Algérie et la France peuvent faire, selon lui, “encore plus” dans le domaine économique. La réunion aura surtout permis aux représentants des deux délégations d'explorer de “façon opérationnelle” les voies et moyens “concrets” pour transformer la volonté en véritable partenariat. Concrètement, cette volonté réciproque s'est traduite, hier, par l'installation du “Comité pour le partenariat et le développement” coprésidé par Mourad Medelci et Thierry Breton qui vise le renforcement de la coopération institutionnelle, la promotion des investissements à travers le développement des filières industrielles prioritaires que sont les industries agroalimentaire, automobile et pharmaceutique ainsi que la modernisation du secteur financier. Ce comité sera appuyé par des comités de hauts fonctionnaires ainsi que par des comités de filières regroupant les opérateurs économiques. Autre avancée, un guichet unique visant à promouvoir et accompagner les investissements français qu'ils soient directs ou via les privatisations, sera incessamment créé, selon Abdelhamid Temmar, au niveau du ministère des Participations et de la Promotion de l'investissement en collaboration avec UbiFrance. Par ailleurs, le ministre français a annoncé le règlement prochain de ce qui est assimilé côté français au “contentieux” des assurances et qui remonte à 1966. “Nous avons une volonté commune d'essayer d'aboutir au 1er semestre 2007 (....) peut-être même au 1er trimestre”, a déclaré Thierry Breton, précisant que des “propositions concrètes” lui semblant même “raisonnables” lui ont été faites à ce sujet par le ministre des Finances. Différents accords ont été ratifiés hier entre les deux parties. Notamment celui portant sur un dispositif de garantie du crédit aux PME ainsi qu'un accord entre le ministère du Commerce et l'Agence française de développement visant à accompagner et à contribuer aux capacités d'exportation hors hydrocarbures. Deux autres accords sur le jumelage entre les directions générales des impôts des deux pays et les directions fiscales des Grandes entreprises algériennes et françaises ont également été signés hier. Ces différents accords permettront, dixit Thierry Breton, une plus grande compréhension et une “meilleure visibilité et lisibilité” commune. Interrogé sur l'éventuelle absence d'une “lisibilité” entre Paris et Alger, le ministre français sera néanmoins catégorique. “Au contraire, nous avons une lisibilité. Elle est très claire. Elle se traduit dans les relations intergouvernementales, dans les échanges”, dira-t-il ajoutant toutefois “qu'il faut que nous fassions partager cette passion commune” issue du partenariat stratégique décidé lors de la signature de la Déclaration d'Alger. “À charge pour nous de la faire partager à nos opérateurs et croyez bien en ce qui me concerne je suis déterminé à le faire”, précisera le ministre français. Thierry Breton se fera, a-t-il avancé, “l'avocat” de la promotion des investissements français en Algérie auprès des premiers concernés, à savoir les entreprises françaises. Samar Smati