Alger qui abrite, depuis hier et pour trois jours, le 1er atelier sous-régional des autorités douanières des Etats de la région Afrique du Nord et Sahel, parties à la Convention sur l'interdiction des armes chimiques (CIAC), aura profité de l'occasion pour réitérer une nouvelle fois par la voix de Ramtane Lamamra, secrétaire général du ministère des Affaires étrangères, son engagement en faveur des instruments de désarmement et de non-prolifération. “L'engagement de l'Algérie en faveur des objectifs de la CIAC découle de sa profonde conviction que l'élimination totale des armes de destruction massive demeure la priorité d'un processus de désarmement envisagé comme devant être général et complet compte tenu de la menace exceptionnelle que fait peser cette catégorie d'armes aux capacités destructrices inégalées et frappant sans distinction sur la paix et la sécurité internationales”, précisera l'ambassadeur Ramtane Lamamra. Il a appelé également la communauté internationale à se servir de l'exemple de la CIAC pour les autres types d'armes notamment nucléaire et biologique. “L'Algérie forme le vœu que la communauté internationale parvienne à réunir la volonté politique nécessaire en vue de généraliser ses acquis et son expérience en matière d'armes chimiques à toutes les armes de destruction massive”, précisera le SG du MAE. D'autant que cette convention est le seul instrument du genre juridiquement contraignant en matière de désarmement. Le régime de contrôle des armes chimiques de la CIAC devant servir, selon l'ambassadeur Lamamra, de “source d'inspiration et de facteur de stimulation” à la communauté internationale pour la mise en place de cadres “tout aussi complets” en matière de désarmement nucléaire et bactériologique. “Nous voulons le même type de mécanisme pour les autres ADM qu'ils soient nucléaires, pétrochimiques, biologiques…”, précisera-t-il en marge de la rencontre. L'Algérie qui est membre fondateur de l'Organisation pour l'interdiction des armes chimiques (OIAC) a adapté sa réglementation en fonction des besoins de mise en conformité de la législation nationale avec la CIAC. Après la mise en place de l'autorité nationale de mise en œuvre de la CIAC en avril 1997 et la promulgation en 2003 de la loi portant répression des infractions aux dispositions de cette convention, quatre décrets sont actuellement en phase finale d'adoption. Ces décrets portent, selon le SG des AE, sur les modalités de déclaration des activités non interdites par la convention, les modalités d'inspections nationales et internationales des installations et emplacements concernées par le champs d'application de la CIAC, les conditions d'exploitation des installations de fabrication de produits chimiques ainsi que les procédures d'autorisations de transferts de ce type de produits. L'atelier sous-régional des autorités douanières des Etats de la région Afrique du Nord et Sahel, parties à la Convention sur l'interdiction des armes chimiques (CIAC) traite des aspects techniques des régimes de transferts des produits chimiques classifiés pouvant entrer dans la fabrication d'armes chimiques. Les travaux qui regroupent outre l'Algérie, le Maroc, la Tunisie, le Mali, le Burkina Faso, le Soudan, le Niger, la Libye et la Mauritanie ainsi que les représentants de l'OIAC, sont l'occasion d'ailleurs de faire le point sur la situation de chacun des dix pays représentés et de coordonner leurs actions en matière de régime de transfert. Seuls manquaient hier les représentants de la Libye et de la Mauritanie. Celui du Niger était en route. Pour la responsable de la délégation de l'OIAC, “aussi longtemps que les mesures de contrôle ou que la nomenclature des produits chimiques ne sont pas en place, il y aura toujours un risque de prolifération”. Les pays présents se sont engagés, selon Magda Bouta, à respecter leurs engagements et à coordonner leurs activités. Pour le directeur général des douanes algériennes, cet atelier est très important. Les institutions douanières ont un rôle fondamental, selon Mohamed Abdou Bouderbala, à jouer dans ce cadre. “La douane doit avoir une mutation nouvelle pour pouvoir répondre à ses nouvelles attributions découlant de CIAC. Elle est directement interpellée par ces nouveaux enjeux”. Il s'agit de la mise en œuvre d'un ensemble de mesures, d'une expertise pour contrôler les flux et sécuriser les pays. L'Algérie est, selon le directeur général de la douane, dans une “phase active” en faisant déjà le contrôle des produits selon la nomenclature. Il y a lieu selon lui de mettre en place des procédures pratiques et initier la formation des experts sur les nouvelles techniques et les nouveaux standards. Si le risque zéro n'existe pas selon les participants, la région sahélo-saharienne connue pour ses “frontières poreuses” n'est pas à l'abri de ce genre d'ADM. “Il n'y a pas vraiment de menaces nous concernant directement. Ce n'est pas une menace pour la région. Le danger est mondial. Il s'agit de prévention. Cette réunion permet d'établir un diagnostic et de présenter l'expérience que nous avons,” dira l'ambassadeur Lamamra en marge de la rencontre. D'autant, précisera-t-il, que là où “il y a une base industrielle pétrochimique, cela facilite potentiellement l'émergence d'armes chimiques”. Les frontières poreuses de la région posent réellement problème, mais c'est également, selon Magda Bouta, un “challenge”. “C'est un défi. Mais il faut essayer…”, précisera-t-elle. Il faut attendre la conclusion des travaux qui se tiennent à huis clos pour connaître l'état d'avancée de la coordination sous-régionale. Ceci permettra peut-être de déboucher sur un réseau de coordination sous-régional. Samar Smati