L'Algérie appelle la communauté internationale à étendre l'interdiction des armes chimiques à toutes les armes de destruction massive. Elle souhaite dans ce cadre la mise en place de « cadres complets » en matière de désarmement nucléaire et bactériologique. Intervenant, hier, à l'ouverture des travaux d'un atelier sous-régional des autorités douanières de la région d'Afrique du Nord et du Sahel au cercle national de l'ANP, à Dély Brahim, le SG du ministère des Affaires étrangères, Ramdane Lamamra, a estimé que « la convention pour l'interdiction des armes chimiques devrait servir de source d'inspiration et de stimulation à la communauté internationale pour la mise en place d'un tel cadre ». Selon des spécialistes, quelque vingt-cinq Etats seraient concernés, à des degrés divers, par des activités en matière d'armes chimiques, nucléaires, biologiques ou tout au moins auraient la capacité d'en produire. D'où l'impératif de procéder à l'adoption d'une réglementation plus rigoureuse en ce qui concerne la vérification et le contrôle de ce type d'armement. Les travaux de l'atelier sous-régional des autorités douanières de la région d'Afrique du Nord et du Sahel qui rentrent dans le cadre de la mise en œuvre de la convention sur l'interdiction des armes chimiques, en vigueur depuis 1997, sont consacrés au régime des transferts établi par la convention dans le but de sécuriser le mouvement des produits chimiques dangereux et d'éviter leur détournement éventuel à des fins interdites par la convention. A ce titre, le programme de l'atelier comporte des thèmes relatifs, notamment, à la coopération entre l'OIAC et l'Organisation mondiale des Douanes, les changements qui pourraient être apportés au système harmonisé, la proposition de mesures en vue de l'amélioration des systèmes de contrôle douaniers par l'élaboration de logiciels adaptés et la mise en place de bases de données communes. APPLICATION « EFFECTIVE » M. Lamamra a réitéré à cette occasion l'engagement de l'Algérie en faveur des instruments de désarmement et de non-prolifération, appelant au « renforcement » de la coopération internationale en vue « de donner aux pays en développement les moyens nécessaires à la mise en œuvre du régime établi par la convention ». Il a indiqué que cette rencontre « est une contribution précieuse pour l'Afrique à la réalisation de son pari sur la paix et le développement durable ». Le représentant du MAE a rassuré que « l'Algérie était un pays qui n'a jamais possédé d'armes chimiques et qui n'a jamais envisagé la possibilité d'en détenir ou d'en fabriquer ». Il a annoncé que quatre décrets exécutifs sont en phase finale d'adoption et portent sur les modalités de déclaration des activités interdites par la convention, précisant que « l'effort national se poursuit en vue de compléter le dispositif réglementaire en vigueur ». Le directeur général des Douanes, Mohamed Abdou Bouderbala, de son côté, a affirmé que le séminaire aspire à mettre en œuvre, sur le plan douanier, les dispositions de la convention. L'objectif de cette rencontre vise, selon M. Bouderbala, à donner une application « effective » à certaines dispositions, dont les Douanes ont la charge, notamment des aspects liés à « l'importation, l'exportation, le transit, l'admission temporaire et la mise en entrepôt des produits chimiques ». Il a estimé que cette rencontre doit se prononcer sur la « traçabilité » des produits chimiques toxiques et exigeant un traitement douanier spécifique. Il s'agit, selon le même intervenant, de l'ensemble des produits toxiques et leurs précurseurs, à l'exception de ceux qui sont destinés à des fins non interdites par la convention qui, précise-t-il, doivent connaître un traitement douanier spécifique. Plus explicite sur les raisons ayant présidé à l'organisation de cet atelier, M. Bouderbala a affirmé que les travaux iront dans le sens de doter les administrations douanières de la sous-région de connaissances susceptibles de leur permettre de « reconnaître tel produit chimique de tel autre », de savoir véritablement son origine et sa provenance et de s'assurer de son interdiction ou de la régularité de son importation. La représentante de l'Organisation internationale pour l'interdiction des armes chimiques (OIAC), Mme Magda Bota, a révélé que l'OIAC a acquis une grande expérience dans le domaine de l'interdiction des armes chimiques mais, a-t-elle ajouté, « des difficultés commencent à se faire sentir », insistant sur les objectifs de cet atelier qui cherche, selon elle, à impliquer les administrations douanières dans ce chantier international. Dix pays de la région Afrique sont concernés par les travaux de cette réunion. Il s'agit de l'Algérie (pays hôte), du Burkina Faso, de la Libye , du Mali, du Maroc, de la Mauritanie, du Niger, du Soudan, du Tchad et de la Tunisie. L'OIAC dont le siège est à La Haye, compte 181 Etats membres et dispose d'un régime de vérification de la mise en œuvre de la convention des plus rigoureux.