En déclarant qu'Israël allait “bientôt disparaître”, le président iranien a donné du grain à moudre aux dirigeants israéliens et occidentaux, qui ont rejeté avec la plus grande fermeté ces propos et la conférence sur l'holocauste organisée à Téhéran. Mahmoud Ahmadinejad, le chef de l'Etat iranien, n'a pas fini de provoquer la colère de Tel-Aviv, de Washington et d'autres capitales européennes, en s'attaquant à l'Etat hébreu. Il est revenu à la charge, mardi, à l'occasion de la conférence abritée par son pays sur l'holocauste juif, à laquelle ont pris part de nombreux révisionnistes de renom, dont le Français Robert Faurisson et l'Australien Frederick Toeben, ainsi que des rabbins. “Lorsque j'ai dit que ce régime va disparaître, j'ai exprimé ce que les peuples avaient dans leur cœur. Les réseaux du régime sioniste m'ont alors beaucoup attaqué. Mais tout comme l'URSS a disparu, le régime sioniste va bientôt disparaître”, a-t-il dit au sujet de l'existence d'Israël. S'exprimant sur l'holocauste, Ahmadinejad dira : “Aujourd'hui, l'holocauste est devenu une idole pour les grandes puissances (...) Peu importe que l'holocauste se soit produit ou pas, peu importe si son ampleur est grande ou limitée, il s'agit d'un prétexte pour créer une base pour agresser et menacer les pays de la région.” Pour conclure son intervention, il émettra le souhait de voir la création d'une “commission de vérité formée par des chercheurs internationaux pour faire des recherches sur l'holocauste”, mais sans que cette commission ne soit soumise aux pressions “des grandes puissances”. Bien que la plupart des participants à la conférence remettent en cause, soit l'existence de l'holocauste, soit son ampleur, Téhéran a défendu le principe de l'organisation de la rencontre, en affirmant qu'il ne s'agissait pas d'approuver ou de nier le génocide des juifs pendant la Seconde Guerre mondiale, mais de permettre d'avoir un débat à propos de cet événement historique. Ceci étant, cet événement et les propos anti-israéliens ont provoqué la colère des responsables de l'Etat hébreu et occidentaux. Pour le chef du gouvernement israélien, cette conférence montre le “caractère inacceptable” du gouvernement iranien et le “danger” que représente l'Iran pour l'Occident. “La conférence en Iran est nauséabonde et prouve l'ampleur de la haine” vis-à-vis des juifs et d'Israël, a-t-il déclaré. Dans un communiqué, le Congrès juif européen (CJE) a condamné “avec la plus grande fermeté la tenue d'un colloque négationniste à Téhéran et appelé les dirigeants européens à adopter des sanctions très fermes à l'égard du régime iranien”. Sean McCormack, le porte-parole du département d'Etat américain, a estimé, pour sa part, que “c'est un comportement odieux, cette conférence qu'ils ont organisée pour essayer de remettre en cause le fait historique que représente l'holocauste, dans lequel des millions de gens ont perdu la vie”, avant d'ajouter : “Et parler de nouveau d'effacer un pays de la carte, c'est tout simplement sidérant. À notre époque et dans une région qui tente de tourner la page sur son passé, avoir ce genre de déclaration, c'est absolument sidérant.” “M. Ahmadinejad nous avait dit, il y a déjà plusieurs mois, qu'il fallait rayer Israël de la carte”, a rappelé le chef de la diplomatie française, avant de s'offusquer de l'initiative iranienne sur l'holocauste en affirmant : “Il les réitère aujourd'hui avec quelque chose qui est unique dans l'histoire, qui est l'holocauste, que personne n'a le droit de toucher.” Idem pour la chancelière allemande, qui a indiqué que “l'Allemagne n'acceptera jamais ce type d'événement et utilisera toutes ses possibilités pour s'y opposer”. Le Premier ministre britannique estime, quant à lui, que “l'Iran, de manière délibérée actuellement, cause un maximum de problèmes pour les gouvernements modérés et nous-mêmes dans la région, en Palestine, au Liban et en Irak. Et je trouve que cette conférence qu'ils tiennent, mettant en doute l'holocauste, est incroyablement choquante.” Il ne fait aucun doute que le président iranien, qui ne rate aucune occasion de tirer à boulets rouges sur Israël, que son pays ne reconnaît pas, aura réussi à se mettre à dos toutes les puissances occidentales. K. ABDELKAMEL