“La simplification du système fiscal est une garantie contre la corruption, de même que la réforme de l'administration publique constitue une mesure contre ce fléau”, a indiqué le directeur du département Maghreb à la Banque mondiale (BM), M. Théodore Ahlers. “L'Algérie a fait beaucoup de progrès ces dernières années dans l'amélioration de l'environnement économique. Mais, il y a encore beaucoup de choses à faire pour assurer une véritable relance." Tel est l'appréciation faite hier par le directeur du département Maghreb à la BM, M. Théodore Ahlers, lors d'une rencontre avec les représentants de la presse nationale qui s'est déroulée au siège de la représentation de cette institution, à Hydra. Ce responsable de la BM, qui a tenté de brosser un tableau plus ou moins objectif de la réalité économique du pays, a mis l'accent sur les efforts accomplis par l'Algérie depuis l'année 2000, mais il a également beaucoup insisté sur les nombreux obstacles qui continuent de se dresser devant un véritable approfondissement des réformes économiques. Complexité du système fiscal, problème d'accès au foncier et aux financements et bureaucratie sont les quatre facteurs énumérés par le représentant de la BM, qui a estimé que "l'Algérie a fait beaucoup d'efforts, mais elle n'est pas allée au bout pour en tirer les bénéfices". Il a, toutefois, reconnu qu'"il y a eu une évolution rapide depuis quelques années en matière de réformes". Certains indicateurs en la possession de la Banque mondiale montrent, en effet, que, par exemple, en ce qui concerne les dépenses d'équipement, l'Algérie a enregistré le double de la moyenne pour toute la région Moyen-Orient-Afrique du Nord (MENA). M. Théodore Ahlers a également cité le cas de la privatisation du complexe sidérurgique d'El-Hadjar, qu'il a considéré comme "un exemple de privatisation réussie" et "la volonté d'aller vers la cession du Crédit populaire d'Algérie (CPA)". Concernant ce dernier point, il a affirmé que "si cela se passe comme prévu (privatisation du CPA), ce sera un signal fort pour la communauté des investisseurs et pour les institutions internationales". Notre interlocuteur a recommandé, entre autres, "l'accélération du processus de privatisation, la levée des lourdeurs de l'administration publique et la responsabilisation du secteur public". D'après lui, "le plus important, c'est le climat d'investissement". Il a, en effet, relevé un "décalage entre le contenu des textes de loi et leur application". "Certains agents de l'administration ne connaissent pas le contenu de la réglementation. Il y a un vrai problème de formation et il faut donc former les gens", a-t-il noté. Pour lui, les efforts à accomplir doivent aussi concerner le système fiscal et la lutte contre la corruption. "La simplification du système fiscal est une garantie contre la corruption, de même que la réforme de l'administration publique constitue une mesure contre ce fléau", a-t-il indiqué, ajoutant que les procédures de passation des marchés publics doivent également subir des changements pour devenir "simples et transparentes". Dans ce cadre, M. Ahlers a annoncé que la BM apportera sa contribution dans le combat contre la corruption, puisqu'un programme de formation sera lancé avec la Commission nationale des marchés dépendant du ministère des Finances. L'institution internationale assurera le financement de cette opération à travers un don de 400 000 dollars qui servira à l'organisation de séminaires et cycles de formation et au lancement d'actions de consulting. M. Ahlers a également annoncé qu'un important séminaire sera organisé en collaboration avec le Conseil national économique et social (Cnes) et qui traitera des différentes expériences de certains pays dans la lutte contre la corruption. Pour lui, la première cible de tout dispositif pour combattre ce fléau est la procédure d'octroi des marchés publics car, d'après lui, c'est à ce niveau que la corruption peut se manifester. M. Ahlers estime que les expériences de certains pays, que ce soit dans le domaine de la fiscalité ou de la lutte contre la corruption, peuvent être applicables à l'Algérie. "Il y a des exemples de réussite dans le monde. On ramènera les plus adaptées au cas de l'Algérie", a-t-il affirmé, précisant que ces expériences seront présentées et discutées lors de rencontres qui se dérouleront en Algérie. Hamid Saïdani