La nouvelle résolution de l'ONU réaffirme le soutien inébranlable au droit à l'autodétermination du peuple sahraoui et rappelle qu'il s'agit d'une question de décolonisation. L'Assemblée générale de l'Organisation des Nations unies, qui tient à New York sa 61e session, vient d'entériner à une très forte majorité une résolution sur la question du Sahara occidental déjà adoptée par sa commission de décolonisation au mois d'octobre dernier. Cette résolution réaffirme, une fois encore, le soutien inébranlable au droit à l'autodétermination comme stipulé dans la déclaration sur l'octroi de l'indépendance aux pays et aux peuples coloniaux et rappelle que la question du Sahara occidental est bel et bien une question de décolonisation qu'il faut mener à terme à travers l'exercice par le peuple sahraoui de son droit à l'autodétermination. Le large soutien dont a bénéficié une fois de plus la résolution à travers l'adhésion des pays de différentes régions du monde, témoigne, tout autant, de l'audience et de la solidarité dont continue de jouir le peuple sahraoui que de la justesse et la pertinence de sa cause. Il consacre une nouvelle victoire diplomatique pour le Polisario. Les pays qui se sont portés co-auteurs de la résolution et ceux qui l'ont soutenue estiment que rien de nouveau n'est intervenu au sein des Nations unies qui soit de nature à justifier la velléité du Maroc de remettre en cause un consensus auquel il avait pourtant lui-même souscrit l'année dernière. La communauté internationale s'étonne de ce revirement de Rabat quand on sait qu'il s'agit exactement de la même résolution qu'il avait soutenue l'année dernière. Malgré cet entêtement du Maroc à s'opposer au consensus, de nombreux pays de l'Union européenne au poids politique indéniable, comme l'Allemagne, le Royaume-Uni, la Grèce, la Belgique, I'ltalie, les Pays Bas et la quasi-totalité des pays scandinaves ont voté en faveur de la résolution, permettant ainsi au peuple sahraoui de conquérir de nouveaux et importants espaces de solidarité. Désespérément, le Maroc ne pouvait compter que sur ses quelques protecteurs inconditionnels et sur ses thuriféraires zélés qui lui font entretenir la fausse illusion d'un non-isolement pour l'accompagner dans son abstention, à l'image de la France, de l'Espagne et du Portugal auxquels est venu se joindre inopinément le Danemark. Pourtant chantre des droits de l'homme, ce dernier pays a fait preuve d'une volte-face pour le moins incompréhensible. Lui qui dispose d'informations de première main sur les violations des droits de l'homme commises contre les populations sahraouies et dont se sont rendues coupables les forces d'occupation marocaines dans les territoires occupés et même dans certaines villes du Maroc. Ce revirement est d'autant plus surprenant que le Danemark, membre non permanent du Conseil de sécurité, sur lequel pèse donc une grande responsabilité était l'auteur d'un projet d'amendement portant précisément sur la question des violations des droits de l'homme au Sahara occidental qu'il avait présenté puis retiré, sous la pression de la France, à l'occasion de la dernière réunion du Conseil qui avait reconduit le mandat de la Minurso. La réaffirmation du vote en faveur de la résolution constitue, au-delà de la consistance et de la cohérence des positions préalablement exprimées, un démenti catégorique de l'interprétation abusive que lui donne le Maroc et selon laquelle elle conduirait à faire perpétuer l'impasse. Le Maroc tenterait-il de suggérer que par la cohérence de leur attitude, les pays qui souhaitent voir triompher le droit et le bon sens, œuvreraient à favoriser la perpétuation de l'impasse qu'il a pourtant lui-même créée et dont il doit assumer seul la responsabilité ? Par son refus de toute solution en dehors de celle qu'il aura lui-même unilatéralement choisie et qui tienne exclusivement compte de ses propres intérêts et par son intransigeance à vouloir faire table rase de tous les acquis de la cause sahraouie et de la position constante de l'ONU, le Maroc ne fait qu'exaspérer un sentiment de lassitude déjà fortement présent au sein de la communauté internationale qui ne peut continuer indéfiniment à le ménager, soigner son ego et accéder à ses desiderata. Cette attitude marocaine a fait sortir de sa réserve l'ex-représentant spécial du secrétaire général pour le Sahara occidental et chef de la Minurso, M. Francesco Bastagli. Dans une opinion exprimée dans les colonnes du Herald Tribune, celui-ci a rappelé, à juste titre, le mandat clair confié à la Minurso au moment de sa création en 1991, consistant principalement à organiser, au terme de neuf mois, un référendum sur l'autodétermination du peuple sahraoui et à observer le respect du cessez-le-feu par les deux parties au conflit clairement identifiées comme étant le Maroc et le Front Polisario. M. Bastagli n'a pas manqué de fustiger ouvertement certains membres du Conseil de sécurité pour leur partialité et leur complaisance à l'égard du Maroc, encouragé ainsi à renier ses engagements et à se complaire dans son obstination. Par ailleurs et connaissant parfaitement les manœuvres auxquelles les a habituées le Maroc à s'empresser, à chaque fois, de tenter de récupérer à son compte leur vote, de nombreuses délégations, qui se sont abstenues, ont tenu à exprimer leur soutien au droit du peuple sahraoui à l'autodétermination en précisant que leur abstention ne signifiait nullement un appui à Rabat et encore moins un alignement sur ses thèses. Le Maroc n'arrive toujours pas à présenter son nébuleux plan d'autonomie qu'il ne cesse de promettre à l'approche de chaque échéance et sur lequel il a lamentablement échoué de convaincre. Ses efforts tendant à le vendre à la communauté internationale procèdent davantage d'une stratégie boiteuse de fuite en avant qui ne saurait tromper la vigilance de la communauté internationale qui, elle, continue à considérer que toute solution qui ne garantirait pas le droit du peuple sahraoui à l'autodétermination contreviendrait aux principes de la Charte des Nations unies et à la résolution 1514 (1960) et serait fatalement vouée à l'échec. Ce projet d'autonomie tronquée est rejeté par anticipation par les populations sahraouies aussi bien dans les territoires occupés qu'au sein même du royaume, à l'exemple des manifestations qui ont eu lieu dernièrement à l'université de Marrakech, malgré les violentes et aveugles répressions auxquelles elles font face quotidiennement. Le peuple sahraoui ne veut pas d'une solution imposée mais demande que la parole lui soit donnée afin qu'il puisse exercer librement son choix. Manifestement en panne d'idées et d'imagination, la diplomatie marocaine fait ressortir, à chacun de ses échecs et comme pour se dédouaner auprès de l'opinion publique du royaume, la thèse éculée d'un prétendu conflit bilatéral avec l'Algérie, choisissant ainsi aveuglément son adversaire, qui ne l'est pas, mais qu'elle invite quand même à des négociations directes. Ce serait faire preuve d'amnésie sélective que d'oublier que feu Hassan II en personne avait publiquement déclaré, à Londres, en juin 1987, que le problème du Sahara occidental n'était pas un conflit bilatéral entre le Maroc et l'Algérie. Le roi Hassan II s'assumait davantage quand il recevait, plus tard, une délégation de dirigeants du Front Polisario. C'est également avoir la mémoire courte que de considérer aujourd'hui caduc le plan de règlement que le Maroc avait signé en 1997 par les plus hautes autorités d'alors. L'autre partie signataire était tout simplement le Front Polisario. Le reniement aujourd'hui par le Maroc de ses engagements antérieurs traduit une situation de désarroi et cache mal, en vérité, sa sérieuse crainte quant à l'issue d'un référendum d'autodétermination qui comporte l'indépendance parmi les différentes options envisagées. En rappelant les résolutions précédentes et en particulier la résolution 1495 par laquelle le Conseil de sécurité a entériné le plan de paix pour l'autodétermination du peuple du Sahara occidental, élaboré par M. James Baker, I'Assemblée générale a, fort opportunément, marqué de nouveau son attachement à la légalité internationale tout en réaffirmant sa responsabilité à I'égard du Sahara occidental et du peuple sahraoui et a de nouveau validé le plan de paix en tant que solution politique optimale de la question du Sahara occidental. Face à l'éveil de la communauté internationale et sa détermination à voir l'ONU jouer pleinement son rôle et assumer ses responsabilités dans ce conflit, il est temps que le Maroc se plie à sa volonté et accepte son verdict en permettant au peuple sahraoui de s'exprimer librement et choisir son propre destin à travers l'organisation d'un référendum d'autodétermination libre et régulier. L'Algérie ne peut que se réjouir de l'adoption de cette résolution par l'Assemblée générale de I'Organisation des Nations unies. Elle continuera à assumer ses responsabilités afin que prévale le règlement dicté par la légalité internationale consacrant le droit légitime à l'autodétermination du peuple du Sahara occidental qui a la singularité d'être le dernier territoire en Afrique qui reste à décoloniser. S. TAMANI