Avec le renouvellement de quelques places de sénateurs, les trois partis favorisés du système algérien font semblant de nous faire vivre un moment politique. Leurs laborieuses immixtions internes sont régies par les conflits et les arrangements de clans, et conclues par les arbitrages occultes. Ils essaient tout de même d'attirer notre attention sur leurs agitations autour de sièges plus courus pour les privilèges qui les accompagnent que pour leurs aptitudes à influer sur le cours des choses politiques. Les choses suivent leur cours, machinale ronde de non-évènements. Le pétrole sort ; l'argent rentre, sous le regard d'yeux dévissés de prévaricateurs à l'affût des opportunités de fraude. Le reste tourne, manège perpétuel de fausses activités : visites d'inspections expédiées, mais parfois plus fréquentes que celles des bureaux de suivi de chantiers ; succession de séminaires et colloques par lesquels des partenaires nous honorent d'avoir choisi notre pays pour abriter ces réunions ou que nous remercions d'avoir répondu à notre invitation, noria d'invités politiques qui repartent toujours avec le témoignage d'avoir constaté notre paix, notre démocratie et notre développement, des promesses d'une meilleure coopération et un contrat de livraison de gaz. Dans cette immobilité ennuyeuse, bien que remuante et sonore, de grands desseins sont parfois agités. Avant d'être oubliés ou démentis. Les échéances législatives qui, bientôt se présenteront à nous, paraissent comme autant de protocoles qu'il faut bien honorer. Chacun s'y prépare avec l'intention d'y promouvoir le maximum de ses ouailles, quitte à soutenir tous le même programme. Le sérail se prépare à ce rendez-vous de convenance sur fond d'une vie politique poncée par la menace généralisée du “redressement”. Le projet de révision de la Constitution se perd en ruisseau de sable. Mais, certains, comme Ouyahia, continuent à le soutenir sans pouvoir nous affranchir de son destin. Peut-être juste des fois qu'il ressusciterait… Il n'y a pas que la politique qui veut vivre de néant. L'économie, aussi, vit de sa panne. Récemment, le Président en constatait une nouvelle fois la carence, en rappelant que nos exportations d'hydrocarbures couvraient 98% de nos recettes extérieures. Temmar s'envole pour Paris, nous dit-on, pour aller chercher, une fois encore, des investisseurs. Maintenant qu'on ne sait plus si l'Algérie veut toujours privatiser ou non, comment pourrait-on mesurer l'efficacité du travail du ministère de la Participation ? Et si, comme on le prétend, nous avons cent “entreprises stratégiques” viables, une “stratégie industrielle” neuve et pas mal de “partenariats stratégiques”, cela fait un beau programme. Comme quoi on peut faire croire qu'on conduit tout une œuvre sans rien concrétiser. Les peuples d'Iran, d'Irak, de Palestine, du Liban, des pays en guerre ou quasiment en guerre, se permettent quelque existence politique, pas forcément sereine, certes, mais toujours réelle. Mais nous, même avec “la paix revenue”, l'histoire coule “comme un long fleuve tranquille” et insipide. M. H. [email protected]