Parfois, le devoir de responsabilité, au demeurant compréhensible, de dire que tout va pour le meilleur des mondes n'est pas de bonne politique. Les propos tenus par Belkhadem jeudi, lors de sa conférence de presse, sont aux antipodes de ce que la presse a fait valoir comme étant des abcès de fixation du débat politique de l'heure. À le croire, en effet, Bouteflika ne ciblait pas personnellement Abou Djerra Soltani qu'il avait épinglé “en live” sur ses déclarations au sujet de la corruption. À le croire aussi, l'équipe gouvernementale fonctionne à merveille, et la volonté prêtée au président de la République de la changer ne serait que de la spéculation. On ne peut pas évidemment reprocher à Belkhadem de vouloir arrondir les angles, de faire croire que tout est d'aplomb au sommet de l'Etat. Il est parfaitement dans son rôle de chef de l'Exécutif et de chef de parti majoritaire de présenter ainsi les choses sous des dehors harmonieux. Le but de créer l'illusion par la magie du verbe, à travers ses multiples dénégations, est cependant difficile à atteindre, tant les dysfonctionnements sont patents. Tout le monde sait que le président Bouteflika, qui n'avait pas hésité à rabrouer publiquement des ministres, n'est pas content du travail de l'équipe actuelle, plus que jamais en besoin de souffle. Tout le monde sait aussi que les trois partis de la coalition présidentielle se trouvent depuis longtemps entre le zig et le zag et que chacun d'entre eux voit midi à sa propre porte. C'est dire que parfois, le devoir de responsabilité, au demeurant compréhensible, de dire que tout va pour le meilleur des mondes n'est pas de bonne politique. Bien au contraire, il porte en lui le risque d'accentuer la méfiance qui existe entre les gouvernés et ceux qui les gouvernent. Et cela n'est pas bien pour l'image du pouvoir, à un tir d'aile que nous sommes des législatives. N. S.