La surdité sévère en Algérie est une réalité. Quelque 300 à 400 enfants naissent, sourds profonds, chaque année. L'on compte à présent quelque 66 000 Algériens frappés de surdité profonde dont 5% sont des enfants de moins de 5 ans. Outre la surdité génétique et les nuisances de la vie urbaine et moderne, d'autres facteurs à risque de surdité existent, à savoir la méningite ou la simple maladie des oreillons. Ce diagnostic médical, appuyé par des chiffres, a été dressé jeudi par des spécialistes en ORL (oto-rhino-laryngologie), au cours d'une rencontre scientifique organisée conjointement par l'Association nationale des ORL libres et le service de l'ORL du CHU Mustapha-Pacha à Sidi-Fredj. Cette rencontre s'inscrivant dans les VIe entretiens du CHU Mustapha-Pacha a été marquée par l'initiative de confronter l'expérience algérienne en matière de traitement de ce handicap par rapport aux expériences étrangères. Le professeur Djenaoui, chef de service de l'ORL à Mustapha-Pacha, a expliqué que ce rendez-vous vient jeter les bases d'un nouveau départ pour la prise en charge de cette pathologie. Pour lui, les nouvelles mesures prises par le ministère de la Santé sont un gage des pouvoirs publics pour le traitement de ce handicap. La technique de traitement des surdités neurosensorielles sévères et profondes consiste, dit-il, en l'implantation d'un appareillage dans l'oreille du sourd. Scientifiquement parlant, il s'agit d'un implant cochléaire placé dans l'oreille. Cette puce réduit évidemment la surdité. Le Dr Djenaoui a rappelé que le centre d'implant d'Alger, qui existe au niveau du service ORL du CHU Mustapha-Pacha, a assuré 30 cas, et cette technique a donné, ajoute-t-il, d'excellents résultats jusque-là. Il n'a pas manqué de signaler que d'autres centres similaires, outre celui de Blida, opérationnel depuis jeudi dernier, verront le jour durant l'année 2007, à Oran, Constantine et Tlemcen. Pour sa part, le docteur Tchikou, vice-président de l'Anol, a rappelé le déroulement de la première pose d'implant en Algérie en septembre 2007. S'agissant de la disponibilité de cette puce, “implant cochléaire” en Algérie, le représentant du ministère de la Santé a signifié que les pouvoirs publics ont dégagé 800 millions de DA pour prendre en charge cette technique et ce, dans le cadre de la réhabilitation et de mise à niveau du secteur. À ce propos, le Dr Abdelhamid Benia, directeur général de Audio Médica spécialisé dans le transfert de ces puces, a indiqué que l'implant cochléaire est estimé à environ 3 millions de DA. Avec l'apport de cette technologie, des participants ont déploré le déficit de praticiens en ORL, puisque le ministère compte au niveau national seulement 500 spécialistes dont 60% exercent dans le secteur privé. Rafik H.