L'Iran a défié le Conseil de sécurité après le vote d'une résolution lui imposant des sanctions, en entamant depuis hier l'installation de 3 000 centrifugeuses pour enrichir l'uranium. En outre, le Parlement iranien examine la révision des accords avec l'Aiea et la tendance au sein de l'institution est le retrait de l'Iran du TPN. “Nous irons en avant à toute vitesse”, a menacé Ali Larijani, le chef des négociateurs nucléaires. De son côté, le président iranien, Mahmoud Ahmadinejad, a déclaré que l'Occident doit accepter de vivre avec un Iran nucléaire, qualifiant la résolution du Conseil de sécurité de morceau de papier déchiré ! “Que l'Occident le veuille ou pas, l'Iran est un pays nucléaire”, a-t-il martelé, mettant en garde les Etats-Unis, notamment, contre toute velléité d'intervention ou de manipulation. Aux yeux du président iranien, la résolution onusienne viserait plus à diviser le peuple iranien sur cette question sensible que le courant conservateur “modéré” mené par l'ex-président Rafsandjani mais néanmoins patron de l'institution suprême qui contrôle la chefferie des ayatollahs, aurait souhaité gérer avec plus de modération. Plusieurs députés iraniens ont demandé que l'Iran expulse immédiatement les inspecteurs de l'Agence internationale de l'énergie nucléaire. Certains exigent même la fermeture des ambassades britannique, française et allemande. Ahmadinejad, qui vient de subir une défaite cinglante aux dernières élections avec l'échec de tous ses poulains ultraconservateurs, promet aux Iraniens une grande fête “de la nucléarisation de l'Iran”, lors des cérémonies marquant l'anniversaire de la victoire de la révolution islamique en février prochain. Pour le président iranien, le Conseil de sécurité est de toutes les façons décrédibilisé. Il a illustré son jugement par le silence du Conseil après les déclarations du Premier ministre israélien qui a reconnu que l'Etat hébreu possédait des armes nucléaires. Téhéran a l'appui de l'Inde, une autre puissance nucléaire dans la région. “L'Iran a droit au nucléaire civil”, a estimé le ministre indien des AE, qui s'est dit convaincu que son programme sert exclusivement un dessein pacifique. Le Conseil de sécurité de l'ONU a adopté, au bout de deux mois de négociations acharnées entre Occidentaux d'un côté, Russes et Chinois de l'autre, une résolution sanctionnant l'Iran dans des domaines soigneusement délimités : enrichissement de l'uranium, retraitement, projets liés aux réacteurs à eau lourde et développement des missiles balistiques. D. Bouatta